La Chine sous-estime largement le nombre de décès du Covid en Chine, selon l’OMS. Avant taxée de complaisance à l’égard de Pékin, l’agence n’hésite plus à dire que les chiffres transmis par les autorités chinoises ne collent pas. Conséquence : alors que Pékin menace de représailles les pays qui prennent des mesures sanitaires à l’égard des voyageurs chinois, l’OMS approuve la mesure. De son côté, l’UE recommande à tous ses membres des tests pour les voyageurs en provenance de Chine.
Selon Pékin, les tests imposés aux voyageurs venus de Chine sont « inacceptables ». Une mesure « normale », lui rétorque l’OMS. L’agence des Nations unies estime que si la mesure n’est pas forcément pertinente d’un point de vue sanitaire, elle est compréhensible car la Chine ne joue pas le jeu de la transparence en refusant de partager les données de la flambée actuelle de Covid.
« Obliger les gens à se tester n’empêche pas de voyager. Ce n’est pas une mesure excessive. Rappelez-vous : la Chine a eu une politique très stricte pour tous ceux qui voulaient entrer dans le pays ces 3 dernières années. La réalité, c’est que beaucoup de pays estiment qu’ils n’ont pas assez d’informations sur ce qu’il se passe en Chine, et ils prennent donc des mesures de précautions en testant les voyageurs », explique Mike Ryan, le directeur des opérations d’urgence à l’OMS.
La rencontre, ce mardi 3 janvier, entre des scientifiques chinois et des membres de l’OMS n’y a pas changé grand-chose, rapporte notre correspondant, Jérémie Lanche. Tout juste a-t-on appris que les variants qui circulent en Chine sont les mêmes pour le moment. Mais pas de nouveaux chiffres sur les admissions en soins intensifs. Ou les décès.
« Nous pensons que les chiffres actuels publiés par la Chine sous-représentent l’impact réel de la maladie », a encore dit Mike Ryan. Une manière diplomatique, encore une fois, de dire que Pékin ment sur le sujet.
L’UE encourage les tests
Pendant ce temps, au terme de plusieurs heures de discussions, l’Union européenne a encouragé fermement tous les États membres ne l’ayant pas encore fait à demander des tests covid aux passagers venant de Chine avant leur départ. Ils devraient également conseiller aux voyageurs de porter un masque durant leur trajet, rapporte notre correspondante à Bruxelles, Laure Broulard.
Le communiqué final évoque aussi des mesures complémentaires à mettre en place comme des tests aléatoires à l’arrivée dans les États-membres ou encore l’analyse des eaux usées dans les aéroports accueillants des vols venant de Chine.
Les décisions de l’IPCR, le dispositif européen de réaction aux situations de crise, n’étant pas juridiquement contraignantes, il revient maintenant aux pays de l’Union européenne de choisir de les appliquer, ou non. « Tous les états membres étaient d’accord sur le fait qu’il fallait avoir une vue coordonnée en Europe sur ce dossier », assure une source qui a assisté à la réunion.
Certaines recommandations, comme les tests au départ ou à l’arrivée ont déjà été adoptées par l’Italie, l’Espagne et la France.