Crise en mer Rouge: comment le commerce de grains s’est adapté

Sept millions de tonnes de grains transitent chaque mois par le canal de Suez, et pour ce mois de janvier, plus de la moitié ont déjà été détournées, avec 16 navires, rien que la semaine dernière, qui ont changé de route, selon les données de suivi maritime du cabinet franco-belge Kpler, cité par l’agence Reuters. L’essentiel des volumes concernés est destiné à la Chine, moteur du marché des céréales et des oléagineux.

L’allongement du trajet pourrait, si la crise devait durer, redessiner la carte des approvisionnements chinois. Le contexte devient en effet de plus en plus favorable à des fournisseurs qui n’empruntent pas le canal de Suez, tels que l’Australie, en pleine récolte actuellement, ou l’Argentine qui, après de longs mois de négociation, vient tout juste d’obtenir l’autorisation de Pékin d’exporter son blé en Chine, explique Damien Vercambre du cabinet Intercourtage.

Exportateurs pénalisés

Les États-Unis qui exportent du soja, du maïs, du blé et du sorgho vers l’Empire du Milieu pourraient en revanche souffrir. L’essentiel des marchandises expédiées depuis le golfe du Mexique, transitait jusque-là via le canal de Suez. Changer de route voudrait dire exporter une partie par voie terrestre pour embarquer depuis la côte Pacifique, une adaptation logistique, peu envisageable à ce stade.

La France pourrait également être impactée par les nouvelles contraintes qui se posent. En janvier, elle a vendu autour de 600 000 tonnes de blé à la Chine, qu’il va bien falloir acheminer à destination, s’inquiète un négociant.

Pas de perturbation des prix

La France et l’Europe sont par ailleurs de grands importateurs de canola-colza australien qui transite d’ordinaire par la mer Rouge et qui est donc potentiellement affecté par les perturbations. Pour l’heure, « c’est loin d’être un problème, rassure Gautier le Molgat PDG d’Argus Média France, mais c’est un point à suivre ».

Malgré ces incertitudes et les changements de route, le cours des grains n’a pour l’instant pas été impacté. Et cela pourrait continuer ainsi « tant que les importations chinoises ne sont pas pénalisées », explique l’expert, autrement dit, tant qu’il y a de l’offre et que les flux sont maintenus vers le premier acheteur mondial.

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