Cyclone Chido: le Premier ministre François Bayrou dévoile son plan «Mayotte debout»

Le Premier ministre François Bayrou devant le Conseil départemental de Mayotte, le 30 décembre 2024 à Mamoudzou.
Le Premier ministre François Bayrou devant le Conseil départemental de Mayotte, le 30 décembre 2024 à Mamoudzou. © Julien de Rosa / AFP

« Une seule ligne directrice : pas de phrases, des décisions concrètes et précises », a affirmé le Premier ministre François Bayrou qui présentait son plan au Conseil départemental de l’archipel. Le locataire de Matignon a annoncé la présentation d’une loi d’urgence « en Conseil des ministres le 3 janvier, avec une présentation au Parlement sous quinze jours », sans donner plus de précisions.

Le gouvernement, a-t-il dit, va également mettre en place dans les trois mois une loi programme de refondation de Mayotte. François Bayrou, accompagné notamment d’Élisabeth Borne (ministre de l’Éducation nationale) et de Manuel Valls (ministre des Outre-mer), s’est donné pour ambition de reconstruire Mayotte en deux ans, estimant qu’« il faut penser le Mayotte du futur ».

Rétablir l’électricité dans tous les foyers d’ici fin janvier et l’accès à l’eau potable à la fin de la semaine

Concernant les besoins urgents, il a promis le rétablissement de l’électricité dans tous les foyers de Mayotte fin janvier avec « un renfort de 200 agents pour atteindre cet objectif ». EDF fournira 200 groupes électrogènes et 20 de ses agents doivent arriver en renfort cette semaine

Les niveaux de production d’eau potable d’avant le cyclone seront rétablis « avant la fin de la semaine » tandis que le budget du plan pour l’eau sera « sanctuarisé et augmenté ».

Refonte géographique des quartiers prioritaires

L’État et les pouvoirs publics locaux, a ajouté François Bayrou, se sont engagés à « empêcher la reconstruction des bidonvilles » et une refonte complète de la géographie des quartiers prioritaires de la ville sera mise en place. Des dispositions en ce sens pourraient être « inscrites dans la loi », a encore ajouté le chef du gouvernement.

Les entreprises locales pourront bénéficier d’une suspension des cotisations sociales jusqu’au 31 mars et d’une aide financière d’urgence avec un plafond de 20 000 euros. Les habitants pourront également bénéficier de « prêts exceptionnels sur 30 ans avec cinq années gratuites » afin de reconstruire leurs maisons.

En matière de sécurité, l’État va envoyer des gendarmes et des policiers supplémentaires et mettre en place un « plan vigilance » pour protéger les écoles des pillages et des dégradations. La rentrée scolaire, a-t-il ajouté, « aura lieu selon des modalités adaptées établissement par établissement à partir du 13 janvier ».

François Bayrou se dit convaincu d’avoir répondu aux attentes des habitants de Mayotte

Avant de quitter Mayotte, le chef du gouvernement s’est dit convaincu d’avoir répondu aux attentes des Mahorais.

« Vous avez entendu les applaudissements des élus et vous avez entendu les réactions qu’ils ont indiquées en disant qu’ils trouvaient que les réponses que nous avions apportées ensemble correspondaient à leurs attentes », indique le Premier ministre. « Par exemple, la création d’une zone franche globale pour qu’on puisse passer de l’économie souterraine à une économie régulière et, plus important encore à mes yeux, le recensement précis de la population qui permettra de savoir exactement où on en est à Mayotte. »

« Et donc tous ces efforts-là, je crois, ont répondu à l’attente des élus – c’est ce qu’on nous a dit à peu près toute la journée », poursuit-il. « J’ajoute qu’il va falloir qu’on garde les écoles, parce que les écoles, même intactes, elles sont aujourd’hui si souvent pillées, incendiées, on ne peut pas laisser faire ça. Il faut qu’on rétablisse l’ordre et qu’on surveille la protection des écoles. »

Des Mahorais partagés entre déception et colère

Croisée à la sortie, la députée de la première circonscription de Mayotte, Estelle Youssouffa, semble déçue, rapporte notre envoyée spéciale sur place, Lola Fourmy. Elle refuse de se prononcer sur un document dont elle n’a pas reçu le détail. Mais, surtout, les habitants n’ont cessé de demander à notre envoyée spéciale toute la journée : mais les ministres sont-ils allés voir les sinistrés, visiter les quartiers dévastés, les toilettes sans eau ? La réponse est non.

Le collectif des citoyens de Mayotte 2018 manifeste devant le Conseil départemental pendant les réunions ministérielles, à Mamoudzou, le 30 décembre 2024.
Le collectif des citoyens de Mayotte 2018 manifeste devant le Conseil départemental pendant les réunions ministérielles, à Mamoudzou, le 30 décembre 2024. © Lola Fourmy / RFI

Une visite finalement plutôt à distance de la population, ce qui a provoqué la colère, notamment de collectifs des citoyens de Mayotte 2018, présents devant le Conseil départemental l’après-midi. Sa présidente Safina Soula n’a été reçu que par un conseiller, insuffisant selon elle. Elles l’ont dénoncé de manière véhémente.

«  Le problème, c’est que lorsque le ministre est arrivé avec la délégation ministérielle, […] on les a vus justement en train de lui demander de ne pas se rapprocher de la population, de ne pas les saluer. Et pour les mamans, c’est un manque de respect. On ne sait même pas de quelle annonce il s’agit puisque logiquement maintenant les ministres sont partis. Ils auraient dû se rapprocher de la population pour leur expliquer ce qui a été discuté au moins. Et ça, ça a vraiment provoqué de la colère. »

Les priorités aujourd’hui sont la sauvegarde de l’emploi et la relance des entreprises.

Bourahima Ali Ousseni (CPME Mayotte): «Pour les PME de plus de 20 salariés, l’aide annoncée reste insuffisante»

Nicolas Feldmann

Après ce bilan en demi-teinte pour la population, il reste maintenant trois jours à Manuel Valls, ministre des Outre-mer, pour tenter de changer la donne.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *