C’était une opération pédagogie pour Emmanuel Macron, critiqué depuis des jours pour avoir évoqué la possibilité d’envoyer des troupes au sol en Ukraine, rappelle Valérie Gas, cheffe du service politique de RFI. Dans la salle des fêtes de l’Élysée, face à deux journalistes, le chef de l’État a assumé.
Il y a, entre Strasbourg et Lviv, moins de 1 500 km, donc ce n’est pas une fiction et ce n’est pas loin de nous. Toutes ces options sont possibles, le seul qui en aura la responsabilité, c’est le régime du Kremlin.
Le président français a tenu à rappeler que « jamais, nous ne mènerons d’offensive, jamais, nous ne prendrons l’initiative. La France est une force de paix. Simplement, aujourd’hui, pour avoir la paix en Ukraine, il ne faut pas être faible. »
Face à un Vladimir Poutine jugé en pleine « dérive autoritaire et répressive », Emmanuel Macron ne voit qu’une seule option : empêcher la Russie de remporter la victoire face à Kiev. « Si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait et la sécurité des Français se joue là-bas. »
Nous n’aurions plus de sécurité en Europe. Qui peut penser une seule seconde que le président Poutine, qui n’a respecté aucun de ses engagements, s’arrêterait là ?
🔴DIRECT – 🗣️ »Nous ne devons pas laisser la Russie gagner. »
Emmanuel Macron revient sur ses déclarations autour de l’envoi possible de troupes en Ukraine, qui ont semé le trouble dans une bonne partie de l’Europe.
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— franceinfo (@franceinfo) March 14, 2024
« Notre sécurité se joue aussi en Ukraine aujourd’hui »
Cette fois, Emmanuel Macron a veillé à ne pas utiliser des formules trop « va-t-en-guerre », même s’il dit regretter justement que les dirigeants occidentaux mettent trop de limites dans leurs vocabulaires.
Il évoque donc plutôt un sursaut nécessaire, ajoutant qu’il existe un consensus international sur l’idée que le Kremlin représente une menace existentielle pour l’Europe. Mais pas question, cette fois, de dire brutalement qu’il pourrait envoyer des soldats en Ukraine.
Nous ne faisons pas la guerre à la Russie. Elle nous attaque sur le plan cyber, et il faut faire attention de ne pas tout de suite les qualifier, parce que sinon, on serait nous-mêmes dans l’escalade et la Russie déciderait à son tour d’une escalade qui nous emmènerait tous dans un conflit. Je souhaite de toutes mes forces que ce ne soit pas le cas, mais à coup sûr aujourd’hui, la Russie est un adversaire.
Le maître du Kremlin est donc pour l’heure un adversaire, et pas encore un ennemi. Le passage d’une notion à l’autre se mesure donc à l’importance de l’escalade, une sémantique floue chère au président français qui se réfère souvent au concept militaire d’ambiguïté stratégique, rappelle notre spécialiste défense, Franck Alexandre. Cela consiste à faire douter l’adversaire sur ses intentions afin de se garder une marge de manœuvre.
Le chef de l’État a également voulu alerter les Français et apparaitre à la hauteur des enjeux : « Ma responsabilité, c’est la sécurité des Français et la défense nationale. Et notre sécurité se joue aussi en Ukraine aujourd’hui. » Une manière de critiquer sans les nommer ses adversaires du Rassemblement national et de La France insoumise, qui n’ont pas soutenu l’accord de sécurité avec l’Ukraine.
Choisir de s’abstenir ou de voter contre un soutien à l’Ukraine, ce n’est pas choisir la paix, c’est choisir la défaite et c’est très différent.
Face à la menace russe, Emmanuel Macron tente ainsi d’incarner un rempart.