Les faits se seraient produits il y a plus de 30 ans, dans les années 60 et 70, alors que ce missionnaire officiait dans le Grand Nord canadien. En août dernier, Ottawa a officiellement demandé à Paris de lui remettre Johannes Rivoire. Mais depuis, rien n’a bougé.
Steve Mapsalak a croisé la route de Johannes Rivoire quand il avait 13 ans. Un demi-siècle plus tard, il a toujours du mal à en parler : « Je suis un survivant. Je souffre depuis de nombreuses années. Ce que nous a fait le père Rivoire est grave, très grave. Je pensais être sa seule victime. Mais ce n’est pas le cas. Nous avons besoin de guérir. Et pour cela, il doit répondre de ses actes devant la justice ».
« Ne pas obtenir justice, ça a été une torture »
Marius, le père de Tanya Tungilik, n’a jamais réussi à se remettre de ce qu’il avait subi. Il a sombré dans l’alcoolisme et s’est suicidé. Alors aujourd’hui, sa fille implore les autorités françaises d’extrader le prêtre. « Ne pas obtenir justice, ça a été une torture pour mon père pendant toute sa vie et pour nous aussi. Des criminels de guerre nazis âgés de plus de 90 ans comme Rivoire ont récemment été traduits en justice. L’âge ne compte pas quand on a commis des crimes atroces », estime-t-il.
Mais plus que l’âge de Johannes Rivoire, ce qui pose problème, c’est sa nationalité. En général, la France n’extrade pas ses ressortissants mais le prêtre est aussi canadien, répondent les Inuits. C’est ce qu’ils vont mettre en avant ce mardi au ministère de la Justice où ils seront reçus. D’autant plus qu’en France, un procès est impossible car les faits sont prescrits.
Cette fois, les Inuits canadiens ont bon espoir de voir leur demande aboutir car, selon eux, les temps ont changé.