Le Nicaragua demande aux juges de la Cour internationale de Justice (CIJ) d’ordonner à l’Allemagne de suspendre son aide militaire à Israël. Car cette aide pourrait être utilisée pour violer les conventions de Genève et celle sur le génocide, rapporte notre correspondante à la Haye, Stéphanie Maupas.
Managua s’appuie notamment sur des rapports de l’ONU, selon lesquels l’Allemagne est, avec les États-Unis, l’un des plus grands exportateurs d’armes vers Israël.
Le Nicaragua avance, selon la CIJ, qu’il existe « un risque reconnu de génocide du peuple palestinien et, avant tout, de la population de la bande de Gaza », a annoncé la CIJ dans un communiqué. L’Allemagne, en fournissant un appui politique, financier et militaire à Israël et en cessant de financer l’Unrwa, « facilite ce génocide et, en tout état de cause, a manqué à son obligation de faire tout son possible pour l’empêcher ».
L’Afrique du Sud avait en décembre déjà saisi la CIJ en soutenant que les opérations d’Israël à Gaza s’apparentaient à une violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. La Cour, basée à La Haye, doit encore se prononcer sur ce point, mais le 26 janvier elle avait ordonné à Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide et de permettre l’accès de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Suspension du financement de l’Unrwa
Managua demande aussi que l’Allemagne revienne sur sa décision de suspendre son financement de l’Unrwa. Ce que Berlin avait fait fin janvier, après la suspension de 12 employés accusés par Israël d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre.
Sans lien avec la requête du Nicaragua, l’Union européenne a annoncé vendredi le déblocage de 50 millions d’euros pour l’agence onusienne.
La demande de Managua pourrait sur ce point devenir rapidement sans objet si Berlin reprend son financement bilatéral. Si la Cour accepte la requête du Nicaragua, elle pourrait organiser rapidement des audiences ou adresser un avertissement à l’Allemagne.