L’on peut qualifier de délit d’initié lorsque des acteurs poussent les marchés et les opérations de bourse dans un certain sens, en se basant sur des informations qui ne sont pas publiques. Parmi ceux qui froncent les sourcils, il y a le sénateur de la Californie Adam Schiff. Ce chef démocrate a annoncé son intention de demander des explications à la Maison Blanche et il explique que le congrès a droit à des réponses.
Il n’est pas le seul. La représentante de New York Alexandria Ocasio-Cortez dit qu’elle a entendu des conversations bien « intéressantes » chez ses collègues républicains en séance : selon elle, chacun devrait rendre publics ses achats et ventes d’actions au cours des dernières 48 heures. Si ces affirmations sont mêlées d’intérêts et avis politiques, il y a toutefois des questions qui se posent.
Deux messages envoyés par Donald Trump
Mercredi, le monde vivait la première journée d’imposition de droits de douane sur des acteurs du monde entier, ces « tariffs » causant beaucoup d’inquiétude et de volatilité sur les marchés depuis des jours. Peu après une ouverture plutôt à la baisse, mais hésitante, Donald Trump, avait publié deux fois sur son réseau social personnel. Une première fois pour dire à tout le monde de garder son calme et une autre pour dire que « c’est un bon moment pour acheter » des actions.
Le message est signé DJT, soit les initiales du président, mais ce sont aussi les lettres par lesquelles est désigné à Wall Street le Trump Media and Technology group. C’est l’entreprise qui possède son réseau social Truth Social et dont il possède lui-même près de 60 % des parts. Elle est cotée au Nasdaq, le marché et l’indice des valeurs technologiques.
Moins de quatre heures plus tard, Donald Trump, qui on le sait a mûri sa réflexion et sa décision la veille, a annoncé la suspension des droits de douane. Le marché a alors explosé et le Nasdaq a regagné une partie de ses pertes des derniers jours, avec un bond de 12 %, et le Trump Media and Technology group a gagné près de 22 %. Soit une très bonne affaire pour ceux qui ont suivi le conseil du président quelques heures plus tôt et ont acheté au plus bas.
Une simple volonté de rassurer les marchés et les Américains, défend la Maison Blanche
La Maison Blanche se défend de toute manipulation. Dans un communiqué, la présidence explique que le président n’a voulu que rassurer les marchés et les Américains. Le représentant américain pour le Commerce Jamie Greer, qui était justement entendu par une commission de la chambre des représentants, se défend de toute manipulation des marchés et affirme qu’il s’agit de remettre à plat le commerce mondial.
Il faut désormais voir comment vont se développer les demandes d’explication des démocrates. Il y a aussi la possibilité d’une enquête de la commission des opérations de la bourse, qui jusqu’ici n’a fait aucun commentaire. Il faut dire que son nouveau patron, désigné par Donald Trump, a justement été confirmé mercredi soir par le Sénat, au terme de cette folle journée.