Près de 48 heures après l’effondrement d’un immeuble dans le centre de Marseille, six dépouilles ont été retrouvées dans les décombres ce lundi 10 avril. Le travail des secours reste périlleux et compliqué.
À mesure que les recherches progressent, l’espoir de retrouver des survivants dans les décombres de l’immeuble du 17 rue de Tivoli s’amenuise. Dimanche soir, la procureure de la République indiquait que huit personnes étaient portées disparues après l’effondrement de deux immeubles, provoqué par une explosion dont la cause demeure inconnue. Deux premières dépouilles avaient ensuite été retrouvées dans la nuit, puis deux autres dans la matinée et encore deux dans l’après-midi. Une enquête a été ouverte pour « homicides involontaires ».
« Compte tenu des difficultés particulières d’intervention, l’extraction (des corps du site) prendra du temps », avaient prévenu les marins-pompiers de la cité phocéenne dans un bref communiqué plus tôt dans la journée, confirmant une information de La Provence et BFMTV. « L’autorité judiciaire pourra procéder ensuite à l’identification » de ces victimes, poursuivaient-il. Une personne qui était envisagée disparue dans un immeuble voisin de celui qui s’est effondré brutalement s’est « manifestée auprès de ses proches », a par ailleurs annoncé ce lundi le parquet dans un communiqué.
« Cette nuit, la peine et la douleur sont grandes », a réagi de son côté dans un communiqué le maire de Marseille, Benoît Payan. « Nous continuons à tout faire pour mener à bien les opérations de secours », a-t-il poursuivi, assurant que « tous les services de la ville, accompagnés des services de l’État, sont toujours, en ce moment même, pleinement engagés pour poursuivre les recherches ».
« Les opérations vont prendre plusieurs jours »
La cause de l’explosion de départ est encore inconnue. Le 17, rue de Tivoli, immeuble abritant cinq appartements dans un quartier plutôt résidentiel du centre-ville, a été totalement soufflé. Les deux immeubles contigus ont été très endommagés, mais tous leurs occupants ont pu s’échapper ou être sauvés par les pompiers. Un de ces immeubles s’est effondré plus tard dans la journée, ensevelissant la scène sous encore plus de gravats, mais sans faire de blessés chez les sauveteurs. L’autre menace également de s’affaisser.
Depuis vingt-quatre heures, le voisinage est sous le choc, rapporte notre envoyée spéciale sur place, Lucile Gimberg. Comme Andrea, colombienne, qui vit à deux pas : « Le nuage de poussière et de cendres est arrivé jusqu’à la place Réformé… C’est une tragédie. »
Le travail des pompiers est périlleux : les bâtiments mitoyens ont été fragilisés et l’incendie, qui a pris dans la foulée, se réactive sous les gravats. « On a des drones, du matériel, on a des chiens, on a des marins-pompiers formés, spécialisés. Les opérations de secours vont prendre plusieurs jours et bien évidemment, le temps compte », détaille Lionel Mathieu, qui dirige le bataillon des marins-pompiers de Marseille.
Pour la première fois depuis l’explosion, les experts judiciaires « ont pu débuter leur travail pour identifier les causes de l’explosion ». Pour des raisons de sécurité, ils n’avaient jusqu’alors pu accéder au site, trop dangereux. Une fuite de gaz faisant partie des pistes, selon les autorités.
Ce drame a réveillé celui de la rue d’Aubagne en 2018. Deux immeubles insalubres s’étaient effondrés, faisant huit morts. « Les gens se connaissent entre les deux quartiers, dont cela fait écho, note Kevin Vacher, du collectif citoyen 5 Novembre. Par contre, ce ne sont pas les mêmes causes. Rue d’Aubagne, on avait des cas d’insécurité d’immeuble. Ce qu’on appelle l’habitat indigne, l’habitat très dégradé. Ici, on est dans des habitats assez entretenus. »
Au total, près de 200 personnes, dont plusieurs familles, ont été évacuées par précaution d’une trentaine d’immeubles alentours. Lundi, les habitants de 61 de ces 220 logements ont pu venir récupérer quelques effets personnels, en attendant de pouvoir peut-être bientôt y retourner définitivement.