Les élections générales devaient s’achever mercredi, mais la présidence a décidé de les prolonger d’une journée à cause de nombreux dysfonctionnements et retards à l’ouverture des bureaux de vote. Deux candidats font partie des favoris : le président sortant Emmerson Mnangagwa, 80 ans, et l’opposant Nelson Chamisa, avocat et pasteur de 45 ans.
Le vote « se poursuit encore dans certaines circonscriptions », a précisé en début de soirée ce jeudi le vice-président de la Commission électorale (ZEC), Rodney Kiwa.
Pour la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), parti d’opposition auquel appartient Nelson Chamisa, la pagaille observée lors de ce triple scrutin montre que le processus électoral est « fondamentalement défectueux », qu’il est « incapable de produire un résultat libre et équitable », a commenté son porte-parole Promise Mkwananzi.
La CCC accuse le parti au pouvoir Zanu-PF, du président Emmerson Mnangagwa, d’organiser ces dysfonctionnements dans le but de « créer de la confusion pour brouiller les pistes ».
« Il ne peut y avoir de signe plus clair de la profonde panique du parti au pouvoir », accuse la CCC
Cet argument pourrait se renforcer après l’arrestation mercredi 23 août au soir de 39 observateurs zimbabwéens appartenant à deux organisations de la société civile, spécialisées dans le domaine électoral. Ils ont été interpellés dans un hôtel de la capitale Harare, alors qu’ils avaient commencé un dépouillement parallèle mais non officiel des votes.
L’opposition voit dans ces arrestations une volonté du gouvernement « d’empêcher les observateurs de surveiller et de diffuser la vérité sur cette élection ». Plusieurs observateurs et médias internationaux n’ont pas été autorisés à rentrer dans le pays, ou ont été tout simplement expulsés.
« Il ne peut y avoir de signe plus clair de la profonde panique du parti au pouvoir », a déclaré Charles Kwaramba, un porte-parole de la CCC.
Les bureaux dysfonctionnels « tous dans des zones considérées comme des bastions de l’opposition »
Lors des dernières élections générales de 2018, le président Emmerson Mnangagwa faisait déjà face à l’avocat Nelson Chamisa : l’actuel chef de l’État du Zimbabwe était passé de justesse.
Pour Sara Dorman, spécialiste de politique africaine à l’université d’Édimbourg, le « chaos » et la « confusion » de cette élection zimbabwéenne est « sans précédent ». Il est aussi « très clair » que les bureaux de vote manquant de bulletins « se trouvent tous dans des zones considérées comme des bastions de l’opposition », a-t-elle relevé.