Emmanuel Macron en Corse pour évoquer le futur statut de l’île

Le président de la République, accompagné du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et de la secrétaire d’Etat aux Anciens combattants Patricia Miralles, a commencé sa visite mercredi soir par un dîner républicain avec des élus locaux, à Ajaccio, avant un discours très attendu jeudi matin à l’assemblée de Corse. Outre ce volet politique, il rendra hommage aux Corses résistants à l’occasion du 80e anniversaire de la libération de l’île en 1943.

Après la mort en mars 2022 du militant indépendantiste Yvan Colonna, agressé à la prison d’Arles, où il purgeait une peine de perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, et les manifestations violentes qui avaient suivi dans l’île, le gouvernement avait ouvert des discussions pouvant « aller jusqu’à l’autonomie ». Le discours présidentiel va donc ponctuer plusieurs mois d’échanges entre élus corses et représentants de l’État.

Quasi unis, les nationalistes ont adopté le 5 juillet dernier un projet d’autonomie plaidant pour un pouvoir législatif dans tous les domaines sauf le régalien, pouvoir qui serait confié à l’assemblée de Corse, où ils occupent les trois-quarts des sièges. Ils veulent également un statut de résident, la co-officialité de la langue corse et l’inscription de la notion de peuple corse dans la Constitution. Un second texte de l’opposition minoritaire de droite, qui réclame un simple « pouvoir d’adaptation » des lois françaises aux spécificités corses, a également été transmis au président.

Un accord compliqué à trouver

Le chef de l’État aura besoin d’une majorité des trois-cinquièmes, et donc des Républicains, au Congrès (Assemblée nationale et Sénat réunis) pour réformer la Constitution. D’où sa demande, au préalable, d’un accord politique dans l’île entre nationalistes et opposition de droite. « Tout n’est pas encore stabilisé » mais les « positions évoluent dans le sens d’un rapprochement acceptable » entre « les interlocuteurs corses », espérait l’Élysée mardi. Si un accord est trouvé, « le président de la République dira certainement qu’il est prêt à envisager une évolution institutionnelle conforme au cadre républicain », relève un conseiller d’Emmanuel Macron.

La droite corse et les indépendantistes de Core in Fronte contredisent toutefois l’optimisme élyséen. Paul-Felix Benedetti, leader de Core in Fronte, a ainsi annoncé mercredi qu’il ne participerait pas au dîner avec le président Macron, jugeant ces déclarations de la présidence sur un possible accord « contraires aux attentes des Corses ». « Le seul consensus à prendre en compte est celui de la délibération, des 73% des élus de la Corse, du 5 juillet dernier », a-t-il martelé sur X (ex-Twitter). « Il n’y aura pas d’accord » entre élus insulaires nationalistes et de droite, a renchéri auprès de l’AFP Jean-Martin Mondoloni, président du groupe de droite d’opposition.

Les lignes rouges fixées par le président il y a un an restent en outre inchangées : maintien de la Corse dans la République et refus de créer deux catégories de citoyens, notamment pour la priorité à l’emploi.

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