À peine rentré d’un déplacement en Chine, Emmanuel Macron enchaîne ce mardi avec une visite d’État de deux jours aux Pays-Bas en compagnie de son épouse.
Emmanuel et Brigitte Macron sont attendus ce mardi matin à Amsterdam. Le couple présidentiel est accueilli par le roi Willem-Alexander et son épouse Maxima, avec un cérémoniel accompagné d’une revue des troupes. Un dîner d’Etat est aussi offert en leur honneur mardi soir au château royal.
Emmanuel Macron pousse pour un plan d’investissements massifs dans l’industrie verte en Europe afin de répondre à celui lancé par Joe Biden. L’UE s’inquiète aussi d’une trop grande dépendance vis-à-vis de la Chine dans certains secteurs économiques stratégiques. Paris et La Haye signeront mercredi un « pacte pour l’innovation », avec à la clé des coopérations dans les semi-conducteurs, la physique quantique et l’énergie. Le français STMicroeletronics et le néerlandais ASLM, deux poids-lourds européens des semi-conducteurs, ont déjà des projets communs.
Sept ministres français sont du voyage
Le chef de l’État sera accompagné de sept ministres : Affaires étrangères, Européennes, Armées, Intérieur, Transition énergétique, Industrie, Recherche et Transports. Il aura également des consultations intergouvernementales avec le Premier ministre Mark Rutte et son équipe mercredi. Les deux dirigeants nourrissent une bonne relation personnelle, alors que celle entre le président français et le chancelier allemand Olaf Scholz reste encore à construire.
Les Pays-Bas, réputés plus libéraux et frugaux au sein de l’UE, se sont aussi rapprochés d’autres partenaires européens depuis la sortie de leur allié traditionnel, le Royaume-Uni, de l’Union. De son côté, Emmanuel Macron a renforcé les liens avec d’autres capitales, notamment Rome et Madrid, au-delà de l’axe traditionnel Paris-Berlin. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les positions de Paris et La Haye ont « convergé » en matière de souveraineté économique, notamment de politique industrielle, veut croire l’Élysée.
« La visite d’État va permettre de renforcer (…) les efforts conjoints pour rendre l’Europe plus forte, plus verte et plus sûre », renchérit la Maison Royale des Pays-Bas. Mais s’il met l’accent, comme Emmanuel Macron, sur « l’autonomie stratégique européenne », le Palais royal insiste aussi sur la nécessaire préservation d’une « économie ouverte ». Les deux gouvernements vont travailler par ailleurs à la finalisation d’un accord de défense à l’horizon 2024.
Une semaine politique délicate
Alors que la semaine politique s’annonce sensible en France, Emmanuel Macron continue donc d’honorer son agenda diplomatique. C’est la première visite d’un président français aux Pays-Bas depuis 2000, explique-t-on à l’Élysée pour justifier l’intérêt de ce déplacement qui débute à quelques jours seulement de l’annonce de la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, une étape cruciale, la fin du « chemin démocratique » du texte, selon l’expression d’Emmanuel Macron lui-même.
La semaine dernière, la visite en Chine du président de la République s’était déjà déroulée sur fond de contestation sociale, l’obligeant à faire passer des messages sur la situation nationale entre deux entrevues avec son homologue chinois. Rebelotte cette semaine alors qu’une autre journée de manifestation est prévue jeudi, rappelle Valérie Gas,du service politique de RFI.
Mais dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on insiste sur l’enjeu de ces deux jours aux Pays-Bas. Au-delà des cérémonies protocolaires et du diner d’État offert par le Roi Willem-Alexander et la Reine Maxima, le temps fort de cette visite sera le discours qu’Emmanuel Macron doit prononcer ce mardi à l’Institut de recherche Nexus sur la souveraineté économique et industrielle de l’Union européenne. Une thématique prioritaire pour le président français et autour de laquelle il espère dégager des points de convergences avec les Pays-Bas.