Finalement autorisée in extremis par la Première ministre en personne, l’Europride de Belgrade a finalement eu lieu ce samedi 17 septembre malgré plusieurs incidents mineurs causés par les anti-Pride.
La parade européenne des fiertés des communautés LGBT+ s’est finalement tenue à Belgrade. Sous la pluie et en présence de 3 000 policiers, un petit millier de participants ont parcouru le centre-ville sur quelques centaines de mètres sous la pluie, avant de rejoindre un concert jusque tard dans la nuit. Dans des rues adjacentes, les anti-Pride ont créé quelques incidents, des bousculades ou des lancers de fumigènes. La police a dû répliquer avec des lacrymogènes. Une trentaine de personnes ont été arrêtées.
Jusqu’en début d’après midi, la légalité de l’Europride avait été contestée par le tribunal administratif de Serbie et par le ministre de l’Intérieur, l’un des plus droitiers du gouvernement actuel, pourtant présidé par une Première ministre ouvertement lesbienne. C’est finalement elle qui a garanti la sécurité de la Pride auprès de députés européens lors d’une rencontre de dernière minute, rapporte notre correspondant à Belgrade, Laurent Rouy.
La Serbie est candidate à l’Union européenne depuis une décennie, mais des États membres ont fait part au fil des ans de leurs préoccupations quant à son bilan en matière de droits humains. Le mariage homosexuel n’est pas légal dans ce pays de moins de sept millions d’habitants, où l’homophobie est profondément enracinée malgré quelques progrès contre les discriminations.
Les marches des fiertés de 2001 puis 2010 avaient été ciblées par l’extrême droite et entachées de violences. Depuis 2014, la Pride se tient sans incident notable, mais sous forte protection policière. Le week-end dernier, des milliers de personnes, gangs de motards, prêtres orthodoxes et nationalistes d’extrême droite, étaient descendues dans la rue pour réclamer l’annulation du défilé.
Selon Vladimir Bilcik, le rapporteur européen pour la Serbie présent dans la manifestation, les anti-Pride particulièrement bien organisés, étaient financés par la Russie. Il note cependant la réussite de l’Europride, selon lui un point positif pour la Serbie.