En Ukraine, la question de la procréation post-mortem agite la société

Avec nos envoyés spéciaux à Kiev, Anastasia Becchio et Boris Vichith

C’est un rituel qu’elle répète chaque jour : changer l’eau de fleurs, balayer autour de la tombe de son mari, Vladislav Tulov, lieutenant-colonel de l’armée de l’air, mort au combat il y a quatorze mois. Après le décès de son époux, Natalya a décidé de poursuivre le programme de fécondation in vitro que le couple avait débuté, mais les quatre embryons qui lui ont été implantés, n’ont pas tenu. « J’avais tellement d’espoir de pouvoir prolonger en quelque sorte son existence, en donnant vie à la chair de sa chair. Quelques jours avant sa mort, il a parlé de nos projets à ses gars et il leur a dit : « Si je meurs, je veux que Natalya aille jusqu’au bout » », raconte-t-elle.

L’an dernier, le Parlement ukrainien a adopté une loi censée autoriser les militaires hommes et femmes à congeler gratuitement leurs cellules reproductrices avant de partir au front. Un des points de la loi qui devait entrer en vigueur fin mars imposait la destruction du sperme congelé des militaires après leur mort. Mais face aux protestations, les députés ont fait marche arrière.

« C’est un thème délicat, il faut que l’État règle des aspects juridiques, du droit de l’enfance, du droit de la famille. Mais il faut que les familles de ceux qui risquent leur vie sur le front puissent avoir le choix, observe Alina Horbenko, gynécologue obstétricienne, cheffe du département des technologies de procréation assistée à la clinique ICSI à Kiev. Les cliniques de la fertilité en Ukraine font tout leur possible pour aider les militaires et leurs femmes à préserver leur avenir. »

Depuis la mise en place du programme de congélation gratuite des cellules reproductrices, plus de 100 militaires ont déjà fait appel aux services de la clinique.

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