Espagne: Francina Armengol, présidente de l’Assemblée, première bataille gagnée pour Pedro Sanchez

Francina Armengol a recueilli deux voix de plus que la majorité requise grâce à un accord de dernière minute avec Junts per Catalunya, le parti représentant l’aile dure de l’indépendantisme catalan dirigé par Carles Puigdemont, exilé en Belgique et recherché par la justice espagnole.

Junts per Catalunya a révélé sur son site peu après le vote que l’accord comprend quatre points, le premier étant « la reconnaissance du catalan comme langue officielle de l’Union européenne ». Les deux autres points portent sur la création d’une commission d’enquête sur l’attentat jihadiste du 17 août 2017 en Catalogne (il y a six ans jour pour jour) et d’une autre commission d’enquête sur l’espionnage de leaders indépendantistes catalans au moyen du logiciel de fabrication israélienne Pegasus.

Francina Armengol, troisième personnage de l’État

Dans son premier discours en tant que présidente de l’Assemblée, Francina Armengol, a annoncé que le catalan, ainsi que le basque et le galicien, qui ont le statut de langues officielles en Espagne, pourraient désormais être utilisés au Congrès. Il s’agit là du deuxième point de l’accord avec Junts.

Pour le Premier ministre espagnol sortant, lui aussi socialiste, c’est un premier pas pour espérer être de nouveau investi à la tête du gouvernement, même si Junts a averti sur son site que « cet accord se limite » à l’élection de la présidence et des huit membres du bureau de l’Assemblée « et n’a aucun lien avec l’investiture » du prochain Premier ministre, qui nécessitera de nouvelles tractations.

Le scénario d’un accord qui porterait Pedro Sanchez à la tête du gouvernement pourrait signifier un nombre important de concessions aux différents partis nationalistes périphériques, explique à RFI Barbara Loyer, spécialiste de la politique espagnole et des mouvements nationalistes. Selon elle, cela pourrait faire bouger les « lignes institutionnelles espagnoles », puisque les socialistes catalans représentent un poids lourd confédéré au Parti socialiste et que leur volonté depuis les années 1980 est de faire de l’Espagne un État fédéral.

Un échec pour la droite

Le Parti populaire, bien que vainqueur des dernières élections législatives, encaisse le choc de l’échec de sa candidate Cuca Gamarra, qui espérait pouvoir l’emporter. Les 33 députés de Vox, parti d’extrême droite dont dépendait le PP, ont voté pour leur propre candidat.

Alberto Núñez Feijóo, leader du Parti populaire, revendique lui aussi le poste de Premier ministre, mais fait face aux divisions entre son parti et Vox, une formation ultra idéologiquement proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban et de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.

L’appui de Carles Puigdemont critiqué dans le camp des indépendantistes catalans

Carles Puigdemont, leader indépendantiste catalan, exilé en Belgique depuis la tentative de sécession de la Catalogne, a finalement accepté de contribuer à la victoire du Parti socialiste. Le soutien des sept députés de son parti Junts per Catalunya a, lui aussi, fait pencher la balance en faveur des socialistes. Carles Puidgemont, figure importante de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, a donc choisi le pragmatisme. Ce pragmatisme est critiqué par l’autre grand parti indépendantiste catalan, l’ERC, Gauche Républicaine de Catalogne.

« Bienvenue dans le monde de la politique traîtresse », a ironisé un ancien député d’ERC, sur les réseaux. « C’est maintenant le parti Junts per Catalunya qui déroule le tapis rouge au gouvernement espagnol » a déclaré un autre responsable d’ERC. L’ERC a été souvent critiqué par le passé par le parti de Puigdemont, pour sa mollesse avec l’État. L’ERC, lui aussi, a pourtant soutenu les socialistes.

En échange de son appui, Carles Puidgemont, encore exilé en Belgique, n’obtient pas d’amnistie générale pour les condamnés indépendantistes, pas de référendum d’autodétermination non plus. Mais plutôt des concessions sur notamment la langue catalane ou sur des questions judiciaires plutôt symboliques.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *