Pendant plus de quatre heures au Sénat américain, Pete Hegseth a été prié de s’expliquer sur des accusations d’agression sexuelle, sur sa réputation de buveur excessif et sur de présumées malversations financières à la tête d’associations de vétérans. Le conservateur a nié ce qu’on lui reprochait et a esquivé comme il a pu les questions pressantes : « On a laissé une poignée de sources anonymes programmer une campagne de dénigrement contre moi. »
Dès l’annonce de sa nomination, l’opposition avait fustigé son manque d’expérience pour diriger l’armée la plus puissante du monde. Pendant cette première audition de confirmation tendue pour l’équipe de Donald Trump, le principal intéressé a été interrompu à plusieurs reprises par des personnes dans l’assistance. Certains protestaient contre la guerre à Gaza, d’autres l’accusaient de « misogynie ».
Le vétéran d’Irak et d’Afghanistan a eu parfois du mal à s’expliquer sur ses propos sur les femmes soldats, dont il a dit qu’elles étaient « inaptes aux fonctions de combat ». Des mots « brutaux et méchants » pour la sénatrice démocrate Kristen Gillibrand. Le candidat au Pentagone s’est tant bien que mal défendu, disant « respecter chaque femme militaire qui a endossé l’uniforme » et que ces critiques visaient en réalité un abaissement – selon lui – des niveaux d’exigence au sein de l’armée. Les démocrates n’ont pas désarmé : « Que s’est-il passé pour que vous changiez d’idée en deux mois ? Ah oui, vous avez été nommé par le président élu. »
L’ancien animateur de Fox News a été encore secoué par la démocrate Mazie Hirono sur la question des actions hostiles contre des alliés : « Avez-vous participé à des discussions sur une éventuelle invasion militaire de territoires alliés, comme le Groenland ? Et pourriez-vous utiliser notre armée pour envahir le Groenland ? » Réponse fuyante de Pete Hegseth : « Je ne donnerai jamais d’indication de ce genre en pleine réunion publique. » « Donc je comprends que vous envisagez d’obéir à l’ordre d’envahir le Groenland », a repris la démocrate, agacée.
Accusations d’« abus d’alcool » et d’« agression sexuelle »
« Je ne crois pas que vous soyez qualifié » pour ce poste, lui a asséné l’un des plus importants membres de la commission, le démocrate Jack Reed, rappelant des informations « extrêmement alarmantes » à propos de Pete Hegseth : « Un mépris du droit de la guerre, une mauvaise gestion financière, des remarques racistes et sexistes sur les hommes et femmes sous les drapeaux, l’abus d’alcool, une agression sexuelle, du harcèlement sexuel et d’autres problèmes préoccupants. »
Une accusation d’agression sexuelle datant de 2017 en Californie a également émergé en novembre. Aucune plainte n’avait été déposée à l’époque et l’ancien militaire dément toute relation non consentie.
Pete Hegseth est aussi soupçonné d’avoir une consommation d’alcool régulièrement excessive. « L’un de vos collègues a dit que vous étiez tellement bourré à un événement dans un bar que vous avez chanté « Tuez tous les musulmans » », a décrié la sénatrice démocrate Elizabeth Warren
« Calomnies anonymes »
« Je ne suis pas une personne parfaite, mais la rédemption est réelle, a plaidé l’intéressé, tout en s’abstenant de dire s’il quitterait ses fonctions en cas de consommation alcoolique. Il a affirmé par la suite qu’il avait été « faussement accusé » d’agression sexuelle et a rejeté les récits d’abus d’alcool comme des « calomnies anonymes ».
En préambule, Pete Hegseth a déclaré que sa mission principale sera de « ramener la culture du guerrier » au Pentagone. Dès sa nomination, il avait assuré vouloir réformer le Pentagone de fond en comble, devenu trop « woke » et acquis à une idéologie trop à gauche, selon lui. Donald Trump, « comme moi, veut un Pentagone concentré à fond sur le combat, la létalité, la méritocratie, les principes et la préparation. C’est tout », a-t-il assuré devant la commission.
La commission doit désormais décider si elle souhaite une nouvelle audition de Pete Hegseth, ou voter pour recommander sa candidature ou non au reste du Sénat, qui devra l’approuver à la majorité simple.