Sans surprise, la motion de censure du gouvernement déposée par la Nupes a été rejetée, ce lundi 12 juin. Les oppositions n’ont réussi qu’à rassembler 239 voix, ce soir, loin des 289 nécessaires. Mais la tension a de nouveau été forte à l’Assemblée.
La députée PS Valérie Rabault, qui portait la motion, s’en est vivement pris à la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne.
Vous êtes la Première ministre qui détenait le record d’utilisation de 49.3 au cours des trente dernières années. Vous êtes l’unique Première ministre à avoir déclenché des 49.3 avant d’avoir permis un examen complet des textes par l’Assemblée nationale. Vous êtes l’unique Première ministre à mettre en œuvre une réforme des retraites qui n’a jamais été votée par l’Assemblée nationale. En procédant ainsi, vous avez ouvert une voie dangereuse, celle de l’arbitraire. Celle qui abîme l’État de droit que notre pays a courageusement construit au fil des ans depuis la Révolution française.
Valérie Rabault, Parti socialiste
Des accusations balayées par la Première Ministre qui a répliqué en rappelant à la Nupes sa minorité dans l’hémicycle et dans les urnes.
Merci mesdames et messieurs les députés de la Nupes d’avoir permis aux Français déjà à seize reprises de constater que vous n’avez pas de majorité et qu’il n’y a pas de majorité alternative au Parlement. Pourtant, mesdames et messieurs les députés de la Nupes, dans ce moment de gratitude, j’éprouve aussi une forme de perplexité. Avec vous, nous vivons en effet des temps d’incohérence où ceux qui ont perdu deux présidentielles, deux législatives, et ne disposent d’aucune majorité sur ces bancs prétendent être les seuls légitimes pour parler au nom du peuple.
Élisabeth Borne, Première ministre
Il a donc manqué 50 voix pour renverser le gouvernement d’Élisabeth Borne, comme le constate notre envoyé spécial au palais Bourbon, Aurélien Devernoix. La Première ministre continue ainsi de profiter de la division des oppositions, même si celles-ci ont très peu apprécié son attitude.
Qu’il s’agisse de la forme, pour le député Rassemblement national Laurent Jacobelli (« Mme Borne s’est montrée méprisante ») et pour l’écologiste Benjamin Lucas (« C’est arrogant et c’est nul, ça c’est sûr »), ou du fond pour Valérie Rabault (« Elle n’a pas répondu à la question qui lui était posée »).
Mais n’en déplaise à la cheffe du gouvernement, le gouvernement n’a pas non plus de majorité. Et la droite, bien que draguée par le camp présidentiel, n’a envie de faire ni cadeau ni alliance avec elle.
C’est ce qu’a encore expliqué le député Éric Ciotti, patron des Républicains : « Il n’y a aucun rapprochement entre la majorité et Les Républicains, tout ça fait partie des petites fables », avance-t-il.
Le blocage persiste donc à l’Assemblée avec une alliance présidentielle en difficulté pour faire passer ses lois, et des oppositions incapables de renverser la table. Et c’est une nouvelle litanie de motions de censure que présage le député insoumis Manuel Bompard :
Nous déposerons une 18e motion quand le gouvernement cherchera à nouveau à mépriser l’Assemblée nationale, et puis peut-être une 19e, et puis peut-être une 20e !
Sauf peut-être si Emmanuel Macron décide d’entrer dans la danse, en changeant de Premier ministre par exemple.
La coalition des partis de gauche avait déposé cette motion pour protester contre ce qu’elle dénonce comme des « pressions » du gouvernement, qui a fait adopter sans vote au Parlement la réforme relevant de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite.