Des fuites mystérieuses sont apparues lundi 26 septembre sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, censés approvisionner l’Europe en gaz russe. Des bouillonnements en mer Baltique ont même été signalés par l’armée danoise.
Le gazoduc Nord Stream 1, qui relie la Russie à l’Allemagne, est touché par deux fuites de gaz inexpliquées en mer Baltique, ont indiqué les autorités danoises et suédoises. Une des fuites s’est produite dans une zone du Danemark, l’autre en Suède. Ces incidents interviennent au lendemain de l’annonce d’une autre fuite dans le gazoduc Nord Stream 2. Ce dernier, construit en parallèle de Nord Stream 1, était destiné à doubler la capacité d’importation de gaz russe en Allemagne.
De vastes bouillonnements en mer Baltique, au large de l’île danoise de Bornholm, ont été constatés, a fait savoir l’armée danoise. « Le plus grand (bouillonnement) agite la surface sur un bon kilomètre de diamètre. Le plus petit fait un cercle d’environ 200 mètres », a-t-elle précisé.
Deux explosions
Le Réseau national sismique suédois rapporte que deux explosions sous-marines « très probablement dues à des détonations » ont été enregistrées à proximité des sites des fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 peu avant leur détection. Une première « émission massive d’énergie » d’une magnitude de 1,9 a été enregistrée dans la nuit de dimanche à lundi à 2h03 locales (0h03 TU) au sud-est de l’île danoise de Bornholm puis une autre de magnitude 2,3 à 19h04 (17h04 GMT) lundi soir au nord-est de l’île, a expliqué à l’AFP Peter Schmidt, de l’institut sismique.
Cela pourrait accréditer la thèse d’un sabotage que privilégient Allemands, Suédois et Danois. « C’est inhabituel d’avoir trois fuites à distance les unes des autres. Par conséquent, il est difficile d’imaginer que c’est accidentel », a déclaré la Première ministre danoise Mette Frederiksen. « Il a fallu recourir à des sous-marins ou à une équipe de plongeurs pour réaliser cette opération certainement préparée longtemps à l’avance », précise une source à notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.
Le Kremlin s’est dit ce mardi « extrêmement préoccupé » par ces fuites, estimant qu’il ne fallait exclure « aucune » hypothèse, y compris celle d’un sabotage. Kiev, de son côté, condamne « une attaque terroriste planifiée » par Moscou « contre l’Union européenne ». Selon Mykhaïlo Podoliak, le conseiller de la présidence ukrainienne, la Russie « veut déstabiliser la situation économique en Europe et semer la panique avant l’hiver », sur fond de craintes d’une crise énergétique sans précédent en Europe dans les prochains mois.
Risque d’une nouvelle hausse des tarifs
Ces deux gazoducs, majoritairement détenus par le géant russe Gazprom, sont au cœur des tensions qui opposent Moscou à l’Europe dans le cadre du conflit en Ukraine. Ils étaient hors service en raison de la guerre en Ukraine. Les Russes avaient interrompu les livraisons via Nord Stream 1, invoquant des problèmes techniques, tandis que l’Allemagne refusait de mettre en route Nord Stream 2, pour réagir à l’invasion de l’Ukraine. Mais ils étaient, malgré tout, remplis de gaz, ce qui peut expliquer les explosions sous-marines signalées par l’institut sismique suédois. Des mesures de sécurité ont donc été prises. La navigation ainsi que le survol des zones par les avions sont désormais interdits.
Les fuites de méthane seraient sans danger pour l’environnement fragile de la Baltique. Mais elles pourraient entraîner une nouvelle hausse des tarifs sur les marchés, qui commençaient tout juste à se stabiliser.