Les partisans du parti Rêve Géorgien célèbrent au siège du parti après l’annonce des résultats des sondages de sortie des élections parlementaires, à Tbilissi, en Géorgie, le 26 octobre 2024. REUTERS – Irakli Gedenidze
Avec 53% des suffrages, alors que 70% des bureaux de vote ont été dépouillés, le Rêve Géorgien est pour le moment détenteur d’une majorité ferme, mais loin de la majorité constitutionnelle qu’il disait viser. Côté opposition, quatre formations entrent au Parlement, celles qui ont signé la « charte » pro-européenne. Deux d’entre elles refusent de reconnaître les résultats, estimant, selon leurs propres sondages à la sortie des urnes, avoir obtenu 52% des voix à elles quatre. Elles refusent d’autant ces résultats que le parti au pouvoir a promis de les faire interdire après le scrutin et qu’elles sont viscéralement opposées à un quelconque retour de leur pays dans l’orbite russe, rapporte notre correspondant à Tbilissi, Régis Genté.
Le scrutin de ce samedi s’est relativement bien déroulé dans la plupart des plus de 3 000 bureaux de vote du pays. Même si des irrégularités ont été constatées ici et là et que des bagarres ont éclaté aux portes d’une cinquantaine de bureaux.
Ce climat tendu, qui a marqué toute la campagne, renforce le fort climat de suspicion qui règne entre le Rêve Géorgien et l’opposition. Cette dernière se dit déterminée à défendre son vote dans la rue, dès l’annonce des résultats finaux.
La présidente annonce sur X la victoire de l’opposition
Les soutiens du Rêve Géorgien ont célébré la victoire en paradant à moto et à coups de Klaxon sur la grande avenue de Tbilissi. Tandis que, dans le même temps, la présidente pro-européenne Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement du Rêve Géorgien, a annoncé sur son compte X que la « Géorgie européenne » avait remporté les législatives avec 52% des suffrages, « en dépit des tentatives de truquer les élections ».
« La Géorgie européenne gagne avec 52% des voix, malgré les tentatives de truquer les élections (…) Je suis fière et confiante en notre avenir européen ! », a déclaré la cheffe de l’État à l’issue du scrutin.
L’opposition refuse de reconnaître des « élections volées »
« Nous ne reconnaissons pas les résultats faussés d’élections volées », a déclaré lors d’une conférence de presse Tina Bokoutchava, cheffe du Mouvement national uni (MNU). Le leader du parti Akhali, autre composante de l’opposition, a dénoncé « une usurpation de pouvoir et un coup constitutionnel ».
Le parti Akhali, récemment fondé par l’ancien ministre de la Justice et éminent journaliste d’opposition Nika Gvaramia et l’ex-président du MNU Nika Melia. Ces deux hommes, formés aux États-Unis, ont été brièvement emprisonnés ces dernières années avant d’être remis en liberté sous la pression des Occidentaux.
« Le Rêve géorgien s’est assuré une solide majorité »
Dès la fermeture des bureaux de vote, un premier sondage de sortie des urnes réalisé par l’institut américain Edison Research pour une chaîne de télévision favorable à l’opposition donnait la victoire à l’opposition pro-européenne. Il a été suivi d’un autre sondage réalisé par une chaîne de télévision proche du gouvernement qui donnait la victoire du parti au pouvoir, le Rêve Géorgien.
Après les premiers résultats partiels portant sur le dépouillement de 70% des bureaux de vote qui accordent 53% au Rêve Géorgien, le parti à réagi. « Comme le montrent les résultats rendus publics par la Commission électorale centrale, le Rêve Géorgien s’est assuré une solide majorité » dans le nouveau Parlement, a déclaré aux journalistes le secrétaire exécutif de ce parti, Mamuka Mdinaradze.
Orban se félicite d’une victoire « écrasante » du parti au pouvoir
Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban a été le premier responsable étranger à réagir samedi soir adressant ses « félicitations » au parti prorusse au pouvoir en Géorgie pour sa « victoire écrasante » aux élections législatives.
« Les habitants de Géorgie savent ce qui est le mieux pour leur pays et ont fait entendre leur voix aujourd’hui », a écrit sur X le seul dirigeant de l’UE resté proche de Moscou.