À Jérusalem-Est, une grève générale et un appel à la « désobéissance civile » ont été lancés par des Palestiniens ce dimanche 19 dimanche. Une réponse, disent-ils, aux mesures punitives imposées par le ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben Gvir. Parmi les quartiers concernés : Issawiya, Jabal al-Mukaber et le camp de réfugiés de Shuafat. Ce dernier est en ébullition. Les résidents dénoncent une « politique de harcèlement et d’agression menée par les autorités israéliennes ».
Dès l’aube, à l’entrée du camp de réfugiés de Shuafat : des pneus qui brûlent et des barricades pour empêcher les forces israéliennes d’entrer. Une manière de protester contre ce que les habitants appellent « ces punitions collectives ».
Bashar, 22 ans, jeune coiffeur, est né et a grandi dans le camp de réfugiés.
Vous savez, c’est partout pareil : à Naplouse, à Jénine, dans tout Jérusalem… Le camp de Shuafat, c’est la mère des martyrs. On souffre, mais on reste dignes. Les Israéliens, en revanche, deviennent de plus en plus brutaux : ils arrêtent tout le monde, il y a des incursions, récemment, au check-point, ils ont même demandé à un adolescent de retirer ses vêtements avant de le frapper. Ils ont aussi frappé des enfants, des femmes.
Il le précise, ici, ils se considèrent comme les oubliés, relégués derrière le mur, mais dans les frontières de la municipalité de Jérusalem : « Dans le camp, nous ne pouvons dépendre que de nous. Ce n’est ni Israël, ni l’Autorité palestinienne qui se préoccupe de notre situation. Personne. On n’a pas d’État qui s’occupe de nous, alors qu’on n’est jamais en sécurité avec ce qui se passe dans le camp. »
« Ils sont fermés, car ils sont en colère »
Au sol, des restes de grenades assourdissantes, de bombes de gaz lacrymogènes, signes des incursions de la police ou des soldats. Quelques poubelles brûlées fument encore. Un autre habitant, qui veut rester anonyme, pointe du doigt toutes les boutiques qui ont fermé le rideau : « Ça, ce ne sont pas des gens qui ont peur, c’est une grève. Ils sont fermés, car ils sont en colère, énervés de cette situation », dit-il.
Après les récentes attaques à Jérusalem-Est, la police israélienne n’a fait qu’accentuer sa présence en ces lieux, notamment dans le camp de Shuafat, qui est en fait en ébullition depuis une semaine, et l’attaque d’un adolescent de 13 ans contre un policier israélien dans un bus.
Au cours de la semaine dernière, la répression a impliqué la démolition d’au moins sept bâtiments, l’arrestation de cent personnes, la mise en place de dizaines de barrages routiers et de points de contrôle, la confiscation d’argent et de biens d’anciens et d’actuels prisonniers politiques ou encore le retrait de la citoyenneté des familles des assaillants, entre autres.
« Ces jeunes n’ont vu que l’oppression »
Sur place, toutes les personnes rencontrées le disent : « Plus il y a d’oppression, plus il y aura de violence. »
L’attaque qui a eu lieu au check-point la semaine dernière, c’était un enfant de 13 ans. Et quelle a été sa réponse lors de son interrogation ? Que c’est à cause de ce qu’il voyait au quotidien. Ces jeunes n’ont pas vécu les intifadas, ces jeunes n’ont vu que l’oppression, ils n’ont vu que ce qu’Israël fait en ce moment. Ils n’ont jamais vu même l’espoir d’un État. Alors voilà ce qui se passe : plus il y a d’oppression, plus il y a de martyrs, plus il y a de démolitions, et plus la population va réagir de cette manière. C’est ça qu’Israël est en train de planifier. En plus, à Jérusalem, avant la gestion de la sécurité et des rues, c’était la police. Maintenant, ici, à Shuafat, il y a aussi des soldats, c’est l’armée. Et ils ont ordre de tirer pour tuer.