Guerre en Ukraine: les Tatars de Crimée tentent de fuir la mobilisation

Une manifestation dénonçant l'invasion de l'Ukraine par la Russie rassemblant des Turcs, des Ukrainiens et des Tatars de Crimée à Istanbul le 21 mai 2022.Une manifestation dénonçant l’invasion de l’Ukraine par la Russie rassemblant des Turcs, des Ukrainiens et des Tatars de Crimée à Istanbul le 21 mai 2022. AP – Burhan Ozbilici

Ces derniers mois, les réfugiés tatars accueillis en Turquie étaient quasiment tous des femmes et des enfants, leurs pères étant restés se battre pour l’Ukraine. Avant la guerre, la plupart de ces réfugiés habitaient à Kiev, après avoir fui en 2014 leur terre ancestrale, la Crimée, annexée par la Russie à l’issue d’un référendum déjà qualifié de « simulacre » par Kiev et les Occidentaux.

Mais depuis que la Russie a décrété la mobilisation, les choses ont changé. Anife Kurtseitova, qui aide ses compatriotes à s’installer en Turquie, dit désormais recevoir des appels non plus de Kiev, mais de Crimée, où vit toujours une importante minorité turcophone et musulmane, qui conserve avec la Turquie des liens étroits hérités de l’époque ottomane.

Le téléphone d’Anife Kurtseitova sonne jour et nuit. Au bout du fil, des mères d’hommes âgés de 18 à 20 ans qui refusent d’aller combattre pour la Russie et veulent fuir la Crimée sans savoir comment. « La police vient les chercher dans les villages, les mosquées, sur les marchés… Sur 100 hommes de Crimée enrôlés dans l’armée, 80 sont tatars, alors qu’ils ne représentent même pas 20% des habitants de la Crimée ! Ils ne leur laissent même pas le temps de se préparer. C’est la panique », témoigne-t-elle.

La Turquie, pour sa part, n’a jamais reconnu l’annexion de la Crimée et juge « illégitimes » les référendums menés ces derniers jours dans quatre régions ukrainiennes passées sous contrôle russe depuis le début de la guerre.

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