Guerre Israël-Hamas: quinze jours d’un conflit sans précédent

22 octobre : L’armée israélienne affirme qu’un de ses chars a touché « par erreur » une position égyptienne, au checkpoint de Kerem Shalom.

Depuis le 7 octobre, 29 employés de l’UNRWA (agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens) ont été tués à Gaza. Au moins 4 651 Palestiniens, en majorité des civils dont plus de 1 500 enfants, ont été tués dans les bombardements de représailles israéliens incessants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans une nouvelle prise de parole, le pape appelle à la fin de la guerre : « La guerre est toujours une défaite, c’est une destruction de la fraternité humaine. Frères, arrêtez, arrêtez ! »

21 octobre : Un premier convoi de 20 camions d’aide alimentaire et médicale entre à Gaza par Rafah, trois jours après l’autorisation par Israël et l’Égypte.

Selon un dernier décompte de l’AFP (toujours provisoire), l’offensive du 7 octobre du Hamas a touché 200 ressortissants étrangers, dont beaucoup de binationaux : États-Unis (31 morts), Thaïlande (30 morts, 19 otages), France (28 morts, 7 disparus) ; Russie (19 morts, 2 otages, 7 disparus), Ukraine (18 morts) ; Népal (10 morts, un disparu). Pays comptant entre 1 et 9 morts : Allemagne, Argentine, Royaume-Uni, Canada, Portugal, Chine, Philippines, Roumanie, Autriche, Biélorussie, Brésil, Pérou, Afrique du Sud, Italie, Chili, Turquie, Espagne, Colombie, Cambodge, Australie, Honduras, l’Azerbaïdjan, Irlande et Suisse. Enfin, Mexique, Pays-Bas, Paraguay, Tanzanie et Sri Lanka déplorent des otages et/ou des disparus. Il y aurait 200 personnes otages du Hamas au 21 octobre.

Des camions venus d'Egypte transportant de l'aide humanitaire traversent le point de passage de Rafah, samedi 21 octobre 2023.
Des camions venus d’Egypte transportant de l’aide humanitaire traversent le point de passage de Rafah, samedi 21 octobre 2023. REUTERS – STRINGER

20 octobre : Israël fait évacuer la ville de Kyriat Schmona (25 000 habitants), frontalière du Liban.

Les négociations en vue d’une libération des otages se poursuivent. Deux Américaines, une mère et sa fille, sont libérées après une médiation du Qatar, réputé proche du Hamas.

Alors qu’aucun camion n’a encore pénétré dans Gaza malgré l’accord, Antonio Guterres se rend à Rafah pour demander une entrée le démarrage d’une opération humanitaire « le plus rapidement possible ».

À la frontière israélo-libanaise, une confrontation quotidienne mais contenue se poursuit.

19 octobre : Environ 1,1 million de Gazaouis sont déplacés dans la bande de Gaza, dont 600 000 au sud, selon l’ONU. L’origine du tir meurtrier sur l’hôpital gazaoui fait également couler beaucoup d’encre et divise. Après sa visite, Joe Biden est à la Une de la presse israélienne, en père protecteur de la nation juive.

18 octobre : Joe Biden atterrit en Israël dans un contexte chaotique. Il apporte un soutien inconditionnel à Israël et l’exonère de la responsabilité de la frappe sur l’hôpital de Gaza, tirée affirme-t-il « par les gars d’en face, pas par vous ». Il met en revanche la pression sur l’allié israélien pour l’acheminement de l’aide humanitaire vers l’enclave palestinienne. Il annonce finalement un accord pour l’ouverture du point de passage de Rafah : 20 premiers camions vont avoir le feu vert pour passer.

Le président Joe Biden accueilli par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu après son arrivée à l'aéroport international Ben Gourion, le mercredi 18 octobre 2023, à Tel-Aviv.
Le président Joe Biden accueilli par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu après son arrivée à l’aéroport international Ben Gourion, le mercredi 18 octobre 2023, à Tel-Aviv. AP – Evan Vucci

17 octobre : À 19h locales, une explosion survient à l’hôpital Alhi Arab de la ville de Gaza. C’est un carnage, même si le nombre précis de morts est inconnu : certaines sources européennes parlent de « plusieurs dizaines », entre 100 et 300 selon le renseignement américain et 471, selon le ministère palestinien de la Santé (Hamas). L’origine n’est pas officiellement établie : le Hamas accuse Israël qui renvoie la responsabilité sur le Jihad islamique. Selon les enquêtes de nombreux médias internationaux ainsi que des renseignements occidentaux (français et américains notamment), le scénario le plus plausible est celui d’un incident de tir venu de la faction palestinienne.

Tollé international. La Jordanie annule le sommet tripartite (Palestiniens, Égyptiens, Américains) qu’elle devait accueillir en présence du président américain Joe Biden, après sa visite annoncée en Israël. Des manifestations spontanées éclatent dans plusieurs pays (Iran, Irak, Liban, Turquie, Tunisie, Mauritanie, Bahreïn…), ainsi qu’en Cisjordanie où la démission de Mahmoud Abbas est réclamée.

Des enfants Palestiniens quittant un hôpital bombardé de Gaza avec leurs affaires, le 18 octobre 2023.
Des enfants Palestiniens quittant un hôpital bombardé de Gaza avec leurs affaires, le 18 octobre 2023. © Abed Khaled / AP

16 octobre : L’Iran met en garde Israël : « Si les crimes du régime sioniste contre la population de Gaza ne s’arrêtent pas, la situation deviendra plus compliquée et le champ de bataille s’étendra ». En Occident, on redoute l’escalade régionale. À Gaza, le Hamas diffuse la vidéo de Mia Shem, otage franco-israélienne de 21 ans. L’Organisation mondiale de la Sante (OMS) affirme qu’« il reste 24 heures d’eau, d’électricité et de carburant » à Gaza. En Cisjordanie, les attaques de colons, qui se poursuivent, ont fait près de 56 morts.

La confusion règne à l’entrée du terminal de Rafah où stationnent maintenant des centaines de camions chargés d’aide humanitaire. 2 750 Palestiniens sont morts depuis le 7 octobre, selon un bilan local.

15 octobre : La guerre a fait un million de déplacés internes à Gaza, chiffre l’ONU.

Israël annonce la mort de Bilal al Kedra, qui a dirigé l’attaque du kibboutz Nirim.

Au Proche et Moyen-Orient (Égypte, Maroc, Turquie, Jordanie, etc), les manifestations de soutien aux Palestiniens se succèdent, rendant la position de leurs gouvernements délicate.

14 octobre : Le déclenchement d’une opération terrestre à Gaza dans les heures qui viennent ne fait plus de doute et la pression monte sur Israël pour l’appeler « à la retenue ». Le déplacement forcé des Gazaouis soulèvent une indignation différenciée selon les États et acteurs. « Même les guerres ont des règles », avertit le chef de l’ONU Antonio Guterres.

Israël annonce la mort de deux hauts cadres du Hamas : Ali Qadi, le commandant de la compagnie de l’unité Nukhba qui a mené l’attaque contre les localités israéliennes et Mourad Abou Mourad, le commandant des activités aériennes.

Les autorités sécuritaires israéliennes reconnaissent des « erreurs » des services de renseignement avant les opérations terroristes du 7 octobre.

13 octobre : Israël ordonne à « tous les civils » du nord de la bande de Gaza de partir vers le sud et d’évacuer la ville de Gaza sous 24 heures. 1,1 million de personnes sont concernées, selon l’UNRWA. Le Hamas, dont les combattants se dissimulent dans la population, s’oppose à cet ordre d’évacuation, tout comme les organisations humanitaires ou encore l’ONU qui craint de son côté des « conséquences humanitaires dévastatrices », alors que le territoire se transforme en « enfer ».

En Cisjordanie voisine, la situation est explosive, onze Palestiniens sont tués par l’armée et des colons. Israël multiplie les arrestations.

Les appels à créer un couloir humanitaire via l’Égypte se font plus pressants.

Dans le sud d’Israël, l’identification des corps se poursuit.

Au Liban, un journaliste de l’agence Reuters est tué et six de ses confrères et consœurs blessés dans un bombardement.

Les Palestiniens fuient le nord de Gaza vers le sud après que l'armée israélienne a émis un avertissement d'évacuation sans précédent.
Les Palestiniens fuient le nord de Gaza vers le sud après que l’armée israélienne a émis un avertissement d’évacuation sans précédent. © AP/Hatem Moussa

12 octobre : La préparation d’une opération militaire de grande envergure se confirme, fait la une de la presse, et est reconnue par les officiels israéliens. La complexité d’une telle opération au cœur de Gaza soulève nombre de commentaires. La mobilisation se porte à 360 000 réservistes, soit la quasi-totalité du contingent national (400 000, qui s’ajoutent aux 170 000 militaires d’active). « Tout membre du Hamas est un homme mort », lance Benyamin Netanyahu lors d’une première allocution solennelle avec son gouvernement d’urgence.

Israël annonce avoir identifié 1 500 corps de combattants palestiniens.

Le CICR se pose en médiateur pour essayer de faire libérer les otages.

À Gaza, la situation est désastreuse et une crise humanitaire se profile.

En France, l’actualité israélo-palestinienne est brûlante et déchire la gauche.

Emmanuel Macron annonce un treizième mort français, et des familles d’otages français demandent au chef de l’État d’intervenir.

11 octobre : Après cinq jours de tractations, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et Benny Gantz, leader de l’opposition, s’accordent sur un gouvernement d’urgence.

Quatrième jour d’accrochages consécutif entre Tsahal et le Hezbollah.

Les voix s’élèvent contre le blocus total de Gaza, contraire au droit international, et les bombardements massifs ayant causé la mort d’environ 1 200 personnes.

10 octobre : L’ampleur des assassinats dans les kibboutz se dévoile aux yeux du monde lorsque la presse est conviée par l’armée israélienne à l’intérieur de ces communautés. Celui Beeri (environ 130 tués, soit 10% de la communauté, par environ 70 terroristes) et celui de Kfar Aza (au moins 100 morts par autant de Palestiniens) ont été particulièrement meurtris.

Le bilan des attaques terroristes en Israël reste provisoire, et on estime entre 100 et 150 les otages aux mains du Hamas. Israël annonce avoir repris le contrôle de la ligne de démarcation avec Gaza.

Les représailles sur Gaza s’intensifient. Deuxième bombardement du poste-frontière de Rafah, seul point « libre » d’entrée et de sortie de Gaza.

Turquie et Égypte tentent de mettre en place une médiation alors que le monde craint un embrasement étendu à toute la région.

Le kibboutz Beeri, près de la frontière avec Gaza, ici le 11 octobre 2023, a été particulièrement meurtri par l'opération terroriste du 7 octobre.
Le kibboutz Beeri, près de la frontière avec Gaza, ici le 11 octobre 2023, a été particulièrement meurtri par l’opération terroriste du 7 octobre. AFP – MENAHEM KAHANA

9 octobre : Le ministre de la Défense d’Israël ordonne un «siège complet» de la bande de Gaza : « Nous combattons les animaux humains et agissons en conséquence », décalre Yoav Gallant. La livraison d’eau, d’électricité [déjà coupée], de gaz et de nourriture est stoppée. Plus de 120 000 Gazaouis sont déjà déplacés à l’intérieur du petit territoire. Trois jours après le début de l’attaque du Hamas, l’armée israélienne a affirmé avoir repris le contrôle de son territoire et des communautés attaquée proches de la bande de Gaza. Frappes aériennes sur le terminal de Rafah, à la frontière Gaza – Égypte. Israël mobilise 300 000 réservistes, véritable colonne vertébrales de Tsahal.

On dénombre 900 morts et 2 600 blessés côté israélien, 570 morts palestiniens.

Nouveaux affrontements à la frontière libanaise et font neuf morts : deux militaires israéliens, trois Hezbollahis et quatre Palestiniens du Jihad islamique.

Le Premier ministre israélien appelle à la formation d’un gouvernement national, alors que la vie politique israélienne, dominée par le nationalisme religieux, est marquée depuis plusieurs années par de profondes fractures.

On apprend la mort de dix étudiants népalais au kibboutz Alumim.

La Commission européenne décide de suspendre son aide aux Palestiniens, mais plusieurs pays (dont la France et l’Espagne) s’y opposent.

8 octobre : en Israël, qui découvre heure après heure l’ampleur de l’attaque, c’est la sidération. Dans la presse, on parle déjà du « 11 septembre d’Israël ». Le soir, le bilan des victimes israélienne au soir est de 700 morts. Les critiques montent envers l’armée israélienne, le gouvernement et l’impréparation des services de renseignements.

À la frontière israélo-libanaise, des duels d’artillerie sont déclenchés par le Hezbollah.

Le nombre d’otages emmenés à Gaza est incertain (et le restera au moins une semaine) mais est déjà évalué à plus de 100 personnes de plusieurs nationalités. De nombreuses personnes sont portées disparues. Le massacre commis au festival Tribe of Nova, à quelques kilomètres de Gaza, a fait 250 morts.

À Gaza, où l’armée de l’air israélienne riposte et pilonne (opération « Sabre de fer »), le bilan s’alourdit : 413 morts. Des immeubles entiers mais aussi des infrastructures de santé sont visées par les bombardements.

Au niveau international, les États-Unis renforcent leur présence militaire en Méditerranée orientale.

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7 octobre : la branche armée du Hamas lance une attaque de grande ampleur contre Israël, titre rfi.fr. C’est le début de l’opération « déluge d’Al-Aqsa », lancée vers du 6h du matin, par le mouvement armé palestinien Hamas, depuis la bande de Gaza qu’il contrôle depuis sa prise de pouvoir par les armes en juin 2007. La veille, l’État hébreu fêtait les 50 ans de la guerre du Kippour. C’est aussi jour de shabbat et la fin de la fête de Souccot, qui célèbre l’exode hors d’Égypte du peuple juif. C’est un jour de chaos inédit, le plus meurtrier des 75 années du pays pourtant jalonnées de guerres, le plus meurtrier aussi pour les juifs depuis la Shoah. Les observateurs parlent déjà de « tournant » historique.

Des pompiers tentent d'éteindre des feux causés par des roquettes lancées depuis Gaza sur la ville d'Ashkelon, le 7 octobre 2023.
Des pompiers tentent d’éteindre des feux causés par des roquettes lancées depuis Gaza sur la ville d’Ashkelon, le 7 octobre 2023. REUTERS – AMIR COHEN

Tôt le matin, près de 5 000 roquettes sont tirées depuis Gaza vers les villes israéliennes, annonce Mohammed Deif, stratège militaire du Hamas. Dans le même temps, à partir de des commandos palestiniens parviennent à franchir à divers endroits la « barrière de sécurité » avec Israël alors que le territoire est sous blocus réputé hermétique. Les unités se répandent facilement dans une vingtaine de kibboutz et localités proches de Gaza – Sdedrot, Kfar Aza, Beeri, Nir Oz, Nahal Oz, Sufa, entre autres -, et investissent le lieu d’un festival au kibboutz de Reim). Ils y commettent le massacre et le kidnapping de populations civiles et militaires : tués par balles, achevés, brûlés vifs, décapités, mutilés. L’attaque du Hamas est terrestre, maritime et aérienne. Les médias étrangers note la mise en échec de l’armée israélienne.

À la fin de la journée, le bilan officiel est de 200 morts et 100 blessés côté israélien, 232 morts à Gaza. Côté israélien, le bilan total de l’attaque du 7 octobre sera de plus de 1 400 morts. Israël annoncera avoir identifié 1 500 corps de terroristes palestiniens.

En Israël, l’effroi règne. Des images sanglantes affluent en masse sur les réseaux sociaux, tout comme les témoignages d’habitants reclus chez eux, et tranchent avec la version officielle des autorités. « Nous sommes en guerre », déclare Benyamin Netanyahu, « l’ennemi paiera un prix sans précédent ». Le ministère de la Défense annonce le rappel de milliers de réservistes.

La communauté internationale occidentale condamne sans réserve l’attaque surprise et « méprisable » (U. von der Leyen pour l’UE) du Hamas et invoque le « droit d’Israël à se défendre ». Depuis la Maison Blanche, Joe Biden assure un « soutien inébranlable » à Israël et lui promet « toute l’aide nécessaire ». L’Arabie saoudite appelle à un « arrêt immédiat des violences entre des factions palestiniennes et les forces d’occupation israéliennes ». La Russie demande la création d’un État palestinien. L’Iran et le Hezbollah au Liban félicitent le Hamas. Scènes de joie dans les camps palestiniens dans les pays de la région. Israël coupe l’arrivée d’électricité à Gaza.

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