■ Anne Hidalgo, une battante à l’épreuve des JO
Après la catastrophe industrielle de 2022, qui l’a vu n’obtenir qu’1,76% à la présidentielle, puis une année 2023 marquée notamment par son voyage controversé à Tahiti, Anne Hidalgo hésite encore sur son avenir alors que son image est abîmée. Car la maire de Paris fait face à de nombreux obstacles. Le premier et le plus important, ce sont évidemment les Jeux olympiques organisés pour la première fois depuis un siècle dans la capitale française. Anne Hidalgo joue son image dessus tant elle a incarné « le projet JO » depuis la désignation de Paris en 2017.
L’édile socialiste le sait : son avenir politique dépend du bon déroulement des Jeux. Un avenir incertain, car après avoir annoncé qu’elle ne poursuivrait pas son aventure à la tête de la capitale, la maire laisse désormais planer le mystère. « Elle a repris les commandes depuis la présidentielle et ne s’interdit rien », juge un élu communiste. Mais il faudra convaincre tous ses alliés et notamment les écologistes qui aimeraient tourner la page de deux décennies socialistes à l’hôtel de ville. « On ne sera ni derrière ni devant Anne Hidalgo », juge une dirigeante écologiste.
Du côté des oppositions, l’heure est à la revanche après dix années de relations glaciales avec la maire, jugée « hautaine et cassante » par un conseiller de droite. Anne Hidalgo est également dans le viseur du camp Macron et notamment du ministre des Transports. Clément Beaune ne cache plus ses envies de s’emparer de la capitale en 2026 et il n’est pas le seul. À droite, sa principale opposante Rachida Dati multiplie les offensives à son encontre, soutenue par la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse.
Face à la valse des ambitieux, Anne Hidalgo joue la carte de la patience et de la prudence : elle ne rendra publiques ses intentions qu’à l’issue des Jeux olympiques.
■ Jordan Bardella, l’étoile montante du RN
Sa liste – pas encore dévoilée – caracole en tête des sondages pour les élections européennes de juin prochain. Autour de 30% d’intentions de vote, c’est sept points de plus que le score réalisé en 2019 par le parti à la flamme. Jordan Bardella est désormais le seul politique à figurer dans le Top 50 des personnalités préférées des Français. Le président du RN arrive à la 30e place. Quand Marine Le Pen n’y figure même plus.
La leader historique du parti devrait-elle s’inquiéter ? Son entourage a désormais l’habitude d’évacuer la question. « Jordan travaille au service de Marine, point barre ! », recadre un habitué des plateaux selon qui le trentenaire permet avant tout de toucher un nouvel électorat, plus jeune, plus diplômé également. Mais jamais ô grand jamais, le président du RN grillera la priorité à celle qui l’a installé au sommet. « Il est d’une génération qui a peur des risques donc il attendra son tour », analyse une députée. Encore faut-il qu’il ne déçoive pas aux élections européennes.
Au RN, on le répète : « En aucun cas, 30% n’est un objectif. On aura gagné si on bat Emmanuel Macron ». Pour s’en assurer, Jordan Bardella compte faire campagne dès le mois de mars, accompagné sur certains de ses meetings par la « patronne ». Mais charge à lui et à lui seul d’infliger la plus lourde défaite possible à la majorité et préparer le terrain pour la prochaine présidentielle.
■ Gabriel Attal, l’année de vérité
En 2024, Gabriel Attal va entrer dans le dur. Le bon élève de la Macronie qui en 2023 a détrôné Edouard Philippe dans un autre classement, celui de la personnalité politique préférée des Français, va devoir démontrer qu’il n’est pas juste un champion de la communication. « Il faut des résultats… attention aux recettes toutes faites », prévient un membre du gouvernement en évoquant le port de l’uniforme à l’école dont le nouveau ministre de l’Éducation veut lancer l’expérimentation.
Pendant longtemps dans la Macronie, parler de Gabriel Attal, c’était appuyer sur le bouton louanges. « Il est ultra-bon, il ne fait pas de faute », « Il arrive à raconter quelque chose, ça change tout », « Il sent les sujets », « Il est stellaire », entendait-on. Certains voyaient même en lui un successeur idéal pour remplacer Elisabeth Borne à Matignon si un remaniement devait advenir en ce début d’année ou pour la deuxième partie du quinquennat après les Jeux olympiques. Certains mais pas tous. Pour un haut responsable de la majorité, cinglant, « s’il suffisait d’être doué pour devenir Premier ministre, beaucoup l’auraient été ». À monter trop vite, on ne se fait pas que des amis.
En 2024, Gabriel Attal est attendu au tournant, car selon un député, « il n’a pas encore transformé l’éducation nationale ». En d’autres termes, il doit montrer son savoir-faire après avoir usé de son savoir-dire. Et certains se demandent si Emmanuel Macron, qui lui a décerné un bon point lors de son interview télévisée de décembre, laissera son jeune et ambitieux ministre « imprimer sa marque » alors que va s’ouvrir en 2024 le bal des prétendants à sa succession.