
Comme l’acier, la chimie européenne traverse une crise inédite, frappée de plein fouet par la concurrence asiatique et le coût élevé de l’énergie. Près de Grenoble, dans le sud-est de la France, Vencorex et sa voisine Arkema sont devenues, malgré elles, les symboles d’une industrie chimique européenne frappée par la crise.
800 emplois au total sont en jeu, mais pour Séverine Dejoux, technicienne-chimiste et élue CGT de Vencorex, c’est aussi une question de souveraineté : « Vencorex vend du sel pour Arkema. Ce sel, Arkema le transforme pour fabriquer des produits qui servent par exemple pour le carburant de la fusée Ariane ou des missiles M51, ou bien pour le nucléaire. Et donc, on a des enjeux de production stratégique. », explique-t-elle au micro de Nathanaël Vittrant, du service Économise de RFI.
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Pourtant, fin février, le Premier ministre François Bayrou a écarté toute nationalisation, même temporaire, de Vencorex. C’est incompréhensible pour l’élue du personnel : « C’est-à-dire que quand on a entendu le président Macron parler d’économie de guerre et qu’il fallait réindustrialiser, on s’est dit : « ils vont changer d’avis sur Vencorex. » Et en fait non, on nous dit qu’il n’y a pas de lien. On a du mal à comprendre. »
La semaine dernière, un tribunal de commerce a accordé à Vencorex un nouveau délai de six mois pour trouver un repreneur, alors que la CGT propose désormais de former une société coopérative qui permettrait de conserver tous les emplois. La même semaine, les salariés d’Arkema, en grève depuis début décembre, reprenaient le travail sous la menace de leur direction d’une fermeture de l’ensemble du site. Tous espèrent désormais un geste du gouvernement.