Journal Humain de la Mode : « C’est Couture quand je le dis »

Même ceux avec bonne mine ont les yeux cernés. Les activités de mode ont repris, on se demande même si elles n’ont pas un peu accéléré. Tout le monde veut le beurre et l’argent du beurre, évidemment sans manger de beurre, ça fait grossir. Les défilés de haute couture, qui n’existent rappelons-le qu’à Paris, occupent une petite semaine que chacun se serait bien vu passer à ralentir un peu. Mais il y va de l’honneur de la France.

Alaïa

 » srcset= »https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1200/1676/580/811/75/0/e7e0eaf_1657018158087-image0-18.jpeg 1x, https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1200/1676/1160/1622/37/0/e7e0eaf_1657018158087-image0-18.jpeg 2x » alt= »Modèle haute couture Alaïa, juillet 2022″ width= »580″ height= »811″ data-original-set= »https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1200/1676/580/811/75/0/e7e0eaf_1657018158087-image0-18.jpeg 1x, https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1200/1676/1160/1622/37/0/e7e0eaf_1657018158087-image0-18.jpeg 2x » data-ll-status= »loaded » />
Modèle haute couture Alaïa, juillet 2022

La saison s’ouvre sur un défilé même pas de haute couture, au fait, celui d’Alaïa. Il a lieu juste le jour d’avant, dans un bâtiment dépiauté de la rue du Faubourg Saint Honoré qui fut une boutique Lanvin (pensée pour Alber, Hania, Elie..) et va devenir, donc, une boutique Alaïa. Un flagship. Un vaisseau amiral. De la bombe.

Pour le moment, les murs ont été dénudés, ça rappelle la boutique éphémère (qui a duré des années) de Céline rue François 1er, époque Phoebe. La boutique est largement vitrée, alors les passants voient dedans et nous on voit dehors. Il y a du beau monde, avec presque un côté proustien de la mode. On s’étale sur deux étages, je suis en haut avec une vue géniale sur les passants interloqués que je ne me lasse pas de photographier et une vue inédite sur le catwalk puisque pile dans un cul-de-sac, là où les models pivotent sans plus faire attention aux regards. Une humanité désarmante leur surgit alors du visage. Elles aussi sont fatiguées.

Fatiguées, mais sublimes, et tout particulièrement bien choisies. Mon voisin de rang a du mal à regarder les habits, somptueux, tant les filles ont une beauté ravageuse. Beaucoup arborent des chevelures frisées, très longues, qui font presque partie de l’ADN d’Alaïa, merci Farida.

Cela commence par des combinaisons, dans diverses couleurs. Rien que ça. La plage blanche d’Alaïa, tout en jersey de soie, la plus belle matière au monde. Et puis ça s’habille d’un jupon blanc floconneux qui ne prend pas vraiment la peine de jouer son rôle complètement de jupe, c’est à perdre la tête d’autorité et de nonchalance sophistiquée. Un grand panier de cuir devient un itbag en direct sous nos yeux étourdis de convoitise. Idem pour un sac blanc qui est un cœur géant. Idem pour un sac doté de gigantesques franges. Un imprimé noir et blanc amène à revisiter totalement l’idée qu’on se fait d’un feuillage. Il y a aussi mon perfecto dans pas longtemps qui défile, sobre comme un mantra. C’est impressionnant et peut-être même, parfois, un peu trop « en majesté », mais un récent passage dans une boutique Alaïa m’a fait comprendre que les déclinaisons commerciales de tout cela appelaient le regard et la main.

Schiaparelli

 » srcset= »https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1179/1677/580/825/75/0/0c9c665_1657017366364-image1-8.jpeg 1x, https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1179/1677/1160/1650/37/0/0c9c665_1657017366364-image1-8.jpeg 2x » alt= »Modèle haute couture, Schiaparelli, juillet 2022
 » width= »580″ height= »825″ data-original-set= »https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1179/1677/580/825/75/0/0c9c665_1657017366364-image1-8.jpeg 1x, https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1179/1677/1160/1650/37/0/0c9c665_1657017366364-image1-8.jpeg 2x » data-ll-status= »loaded » />
Modèle haute couture, Schiaparelli, juillet 2022

Entre ceux qui reconnaissent des gens que je ne connais pas et ceux que je connais qui poussent inaperçus, c’est la pagaille. Un badaud à un autre : « Je sais pas qui c’est mais on saura plus tard ». Une fille super remontée s’écrie « C’est Couture quand je le dis », pour que tout le monde se retourne et admire son look qui est, dirais-je, Régence/denim. Les gens bien lookés intéressent finalement davantage que les stars éventuelles, mais on ne veut pas non plus lâcher la proie pour l’ombre. À l’intérieur (ça se passe dans la nef du Musée des Arts Décoratifs), tout le monde s’embrasse à qui mieux mieux et si tu ne veux pas faire de bises, tu es une bête curieuse. Ça tousse discret. Le « seating » (placement des invités) a dû être un casse-tête, et les rangs 2 regardent ceux des rangs 1 pour voir s’il n’y aurait pas des aberrations. La Cour de Versailles.

Même ceux avec bonne mine ont les yeux cernés. Les activités de mode ont repris, on se demande même si elles n’ont pas un peu accéléré. Tout le monde veut le beurre et l’argent du beurre, évidemment sans manger de beurre, ça fait grossir. Les défilés de haute couture, qui n’existent rappelons-le qu’à Paris, occupent une petite semaine que chacun se serait bien vu passer à ralentir un peu. Mais il y va de l’honneur de la France.

Alaïa

 » srcset= »https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1200/1676/580/811/75/0/e7e0eaf_1657018158087-image0-18.jpeg 1x, https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1200/1676/1160/1622/37/0/e7e0eaf_1657018158087-image0-18.jpeg 2x » alt= »Modèle haute couture Alaïa, juillet 2022″ width= »580″ height= »811″ data-original-set= »https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1200/1676/580/811/75/0/e7e0eaf_1657018158087-image0-18.jpeg 1x, https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1200/1676/1160/1622/37/0/e7e0eaf_1657018158087-image0-18.jpeg 2x » data-ll-status= »loaded » />
Modèle haute couture Alaïa, juillet 2022

La saison s’ouvre sur un défilé même pas de haute couture, au fait, celui d’Alaïa. Il a lieu juste le jour d’avant, dans un bâtiment dépiauté de la rue du Faubourg Saint Honoré qui fut une boutique Lanvin (pensée pour Alber, Hania, Elie..) et va devenir, donc, une boutique Alaïa. Un flagship. Un vaisseau amiral. De la bombe.

Pour le moment, les murs ont été dénudés, ça rappelle la boutique éphémère (qui a duré des années) de Céline rue François 1er, époque Phoebe. La boutique est largement vitrée, alors les passants voient dedans et nous on voit dehors. Il y a du beau monde, avec presque un côté proustien de la mode. On s’étale sur deux étages, je suis en haut avec une vue géniale sur les passants interloqués que je ne me lasse pas de photographier et une vue inédite sur le catwalk puisque pile dans un cul-de-sac, là où les models pivotent sans plus faire attention aux regards. Une humanité désarmante leur surgit alors du visage. Elles aussi sont fatiguées.

Fatiguées, mais sublimes, et tout particulièrement bien choisies. Mon voisin de rang a du mal à regarder les habits, somptueux, tant les filles ont une beauté ravageuse. Beaucoup arborent des chevelures frisées, très longues, qui font presque partie de l’ADN d’Alaïa, merci Farida.

Cela commence par des combinaisons, dans diverses couleurs. Rien que ça. La plage blanche d’Alaïa, tout en jersey de soie, la plus belle matière au monde. Et puis ça s’habille d’un jupon blanc floconneux qui ne prend pas vraiment la peine de jouer son rôle complètement de jupe, c’est à perdre la tête d’autorité et de nonchalance sophistiquée. Un grand panier de cuir devient un itbag en direct sous nos yeux étourdis de convoitise. Idem pour un sac blanc qui est un cœur géant. Idem pour un sac doté de gigantesques franges. Un imprimé noir et blanc amène à revisiter totalement l’idée qu’on se fait d’un feuillage. Il y a aussi mon perfecto dans pas longtemps qui défile, sobre comme un mantra. C’est impressionnant et peut-être même, parfois, un peu trop « en majesté », mais un récent passage dans une boutique Alaïa m’a fait comprendre que les déclinaisons commerciales de tout cela appelaient le regard et la main.

La suite après la publicité

Schiaparelli

 » srcset= »https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1179/1677/580/825/75/0/0c9c665_1657017366364-image1-8.jpeg 1x, https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1179/1677/1160/1650/37/0/0c9c665_1657017366364-image1-8.jpeg 2x » alt= »Modèle haute couture, Schiaparelli, juillet 2022
 » width= »580″ height= »825″ data-original-set= »https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1179/1677/580/825/75/0/0c9c665_1657017366364-image1-8.jpeg 1x, https://focus.nouvelobs.com/2022/07/05/0/0/1179/1677/1160/1650/37/0/0c9c665_1657017366364-image1-8.jpeg 2x » data-ll-status= »loaded » />
Modèle haute couture, Schiaparelli, juillet 2022

Entre ceux qui reconnaissent des gens que je ne connais pas et ceux que je connais qui poussent inaperçus, c’est la pagaille. Un badaud à un autre : « Je sais pas qui c’est mais on saura plus tard ». Une fille super remontée s’écrie « C’est Couture quand je le dis », pour que tout le monde se retourne et admire son look qui est, dirais-je, Régence/denim. Les gens bien lookés intéressent finalement davantage que les stars éventuelles, mais on ne veut pas non plus lâcher la proie pour l’ombre. À l’intérieur (ça se passe dans la nef du Musée des Arts Décoratifs), tout le monde s’embrasse à qui mieux mieux et si tu ne veux pas faire de bises, tu es une bête curieuse. Ça tousse discret. Le « seating » (placement des invités) a dû être un casse-tête, et les rangs 2 regardent ceux des rangs 1 pour voir s’il n’y aurait pas des aberrations. La Cour de Versailles.

Le show s’ouvre sur une pénombre et l’air de Jurassic Park. Ce ne sont pas des dinosaures qui descendent les quelques marches du podium d’un pas parfois mal assuré malgré des talons pas trop hauts, ce sont des créatures. Je veux dire, à notre époque, ces looks très structurés, très sophistiqués, qui font penser à ceux de Christian Lacroix ou de Thierry Mugler et Saint Laurent dans les années 80, ces looks qui contiennent une beauté tragique, ainsi qu’on le dit dans les romans, eh bien tout cela rappelle que cette génération de créateurs est désormais celle des dinosaures de Jurassic Park : quasi immortelle, malgré son apparente extinction.

Schiaparelli Tendances / O – Bouchouchi – 05-07-2022

C’est que l’esthétique de ces génies de la mode peut à tout moment revenir, comme le prouve ce show Schiaparelli. Le directeur artistique de la marque, Daniel Rosberry, arrive à mettre dans une salve de looks à la fois sa culture de la couture, l’irrévérence de Schiaparelli, et tout son être à lui, sa précision, son sens de l’effet.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *