Le milliardaire indien Gautam Adani était le troisième homme le plus riche du monde, selon le magazine Forbes, et la plus grande fortune d’Asie, jusqu’à ce qu’il soit accusé la semaine dernière de fraudes comptables par le fonds américain Hindenburg Research.
Né à Ahmedabad, dans l’État du Gujarat en Inde, Gautam Adani est issu d’une famille modeste. Autodidacte, il a abandonné ses études pour se lancer dans la vie active. Après un bref passage dans l’industrie diamantaire, il fonde en 1988 son entreprise d’exportation Adani Group, qui au fil des années se transforme en un puissant conglomérat.
En 35 ans, l’homme d’affaires indien construit son empire en faisant fortune dans les mines de charbon, les terminaux portuaires, la logistique, l’agribusiness, ou encore les aéroports. Il devient le plus grand développeur et exploitant portuaire d’Inde. En 1995, il décroche la construction et l’exploitation du port de commerce de Mundra, devenu depuis le premier port du pays. Dans le même temps, le groupe se diversifie dans l’extraction du charbon en Inde, mais aussi à l’international et se lance dans l’énergie thermique, la pétrochimie, le ciment ou encore le raffinage du cuivre. Puis le groupe investit de nouveaux secteurs, comme les data centers, la tech ou encore des médias.
Considéré comme un proche du premier ministre indien Narendra Modi, Gautam Adani connaît une ascension fulgurante. À 60 ans, il est à la tête d’un empire estimé à près de 240 milliards de dollars en Bourse et d’une fortune personnelle proche de 137 milliards de dollars. Vu comme l’un des hommes forts du Gujarat, un État dirigé par Modi de 2001 à 2014, sa fulgurante réussite lui vaut de nombreuses contestations. C’est le cas pour son projet d’exploitation du charbon dans des forêts du centre de l’Inde au mépris des communautés autochtones, ou pour son offre d’achat hostile lancée en 2022 sur la chaîne de télévision NDTV, considérée comme le dernier média indépendant en Inde.
Descente aux enfers
Mais depuis cinq jours, l’empire du magnat vacille. Une petite société américaine, Hindenburg Research, accuse le conglomérat de fraudes comptables. Dans un rapport publié la semaine dernière, le fonds américain affirme que le groupe Adani recourt à des transactions non divulguées entre partie liées et à des manipulations des bénéfices pour « maintenir l’apparence de bonne santé financière et de solvabilité » de ses filiales cotées en Bourse. Accusant au passage le gouvernement indien « d’indulgence à l’égard du groupe » durant des décennies.
Le conglomérat précise que « ce n’est pas seulement une attaque injustifiée contre une entreprise spécifique, mais une attaque calculée contre l’Inde, l’indépendance, l’intégrité et la qualité des institutions indiennes ainsi que l’histoire de la croissance et l’ambition de l’Inde ». Par ailleurs, le groupe affirme que les fondamentaux de la société restent « très solides » et que son bilan est sain.
Ces déclarations n’ont pas suffi à rassurer les investisseurs. Depuis la semaine dernière, le magnat indien subit une descente aux enfers. Les accusations du fonds américain ont provoqué l’effondrement de ses titres à la Bourse de Bombay. En cinq jours, le groupe Adani a perdu plus de 100 milliards de dollars de sa valeur et Gautam Adani a vu sa fortune personnelle fondre de 44 milliards de dollars, le faisant passer du troisième au quinzième rang dans le classement des plus grandes fortunes mondiales établi par Forbes.