(ETX Daily Up) – Longtemps décrié pour son caractère excluant et fallacieux, le concept de la taille unique se révèle aujourd’hui sous un nouveau jour pour rendre la mode (vraiment) plus inclusive. Les marques se succèdent pour présenter des collections de prêt-à-porter et de maillots de bain ‘one size fits all’ (‘taille unique pour toutes’), misant sur de nouveaux tissus extensibles pour seoir au plus grand nombre. Explications.
Une seule et unique taille pour toutes les femmes, est-ce réellement possible ? Si l’industrie de la mode a longtemps négligé certaines morphologies, elle tente depuis plusieurs années de se réinventer pour proposer des vêtements adaptés au plus grand nombre. Une chose qui est d’abord passée par le « plus-size » – une notion finalement excluante puisque différenciant les collections destinées aux tailles dites standard de celles réservées aux grandes tailles – puis par l’émergence du « size-inclusive ». Ce concept, qui se caractérise par le fait de décliner tel ou tel vêtement dans une très large gamme de tailles, est encore loin d’être la norme dans la mode et pourrait même déjà être détrôné par celui de la taille unique.
Sous le feu des critiques
C’est au milieu des années 2010 que le concept de taille unique s’est retrouvé sous le feu des projecteurs, et certainement pas pour les bonnes raisons. Des marques pour adolescentes, comme Brandy Melville et Don’t Ask Why, ont tenté de démocratiser le « one size fits all » (« une taille pour tous ») ou « one size fits most » pour d’autres à coups de tops, shorts et autres jupes (enfin) adaptés à toutes. Une bonne idée sur le papier, mais pas dans la pratique, puisqu’il s’agissait en réalité de proposer des vêtements équivalant à un 34/36… au mieux un petit 38. Une taille unique qui cultivait donc, non pas l’inclusion, mais les diktats et injonctions liés à la minceur.
À l’ère des réseaux sociaux, cette incartade n’est pas passée inaperçue et a fait l’objet d’un boycott de la part de nombreux utilisateurs. Une chose qui n’aura toutefois pas duré, au regard de l’engouement qui subsiste pour certaines de ces marques qui proposent encore des collections dans une gamme très limitée de tailles. Et si le concept même de taille unique a forcément souffert de ces polémiques, il semble aujourd’hui revenir plus fort que jamais. Avec une réelle volonté d’habiller toutes les morphologies, ouvrant la voie à une nouvelle course aux innovations en matière de tissus extensibles, la nouvelle coqueluche des marques qui entendent faire de l’inclusion la nouvelle norme dans la mode.
La taille unique fait sa révolution
Le label Ester Manas est l’un des premiers à avoir fait de la taille unique un véritable vecteur d’inclusivité. Finaliste du Festival de Hyères en 2018, la marque a bousculé les codes de la mode en proposant des pièces sexy, souvent inspirées de la lingerie, adaptées à absolument toutes les morphologies, avec une seule et unique taille à la clé. Une chose rendue possible grâce à différents systèmes et astuces ingénieux, comme des matières et des coupes spécifiques, des bretelles, des plis dissimulés, des drapés ou encore des jeux de laçage.
Pour la première fois, la création se met donc – sur tous les plans – au service de l’inclusivité, avec à la clé des robes, tops, jupes et autres T-shirts déclinables dans une (très) large gamme de tailles. Cette ‘smart size’ (‘taille intelligente’) a été saluée par l’industrie, comme par le public et pourrait très vite inspirer d’autres acteurs en quête d’une mode plurielle. Pas étonnant d’ailleurs qu’Ester Manas, dont le slogan « Make fashion big again (« rendre sa grandeur à la mode ») fait l’unanimité- ait raflé la dotation des Galeries Lafayette et atteint la demi-finale du Prix LVMH en 2020.
Dans le secteur du swimwear, des marques lui ont d’ailleurs déjà emboîté le pas. Au printemps 2022, c’est Etam qui s’est distingué avec la collection « One Size », des maillots de bain extensibles déclinés en une seule taille pour des morphologies pouvant s’étendre du 34 au 44. Conçue à partir d’une matière texturée composée de 97% de polyamide recyclé, la collection a été pensée pour sculpter la silhouette sans l’oppresser. Un pas de plus vers l’éclatement des diktats liés à la minceur. Non contentes de plancher sur des matières éco-responsables, les marques pourraient désormais aussi tenter de mettre au point des tissus extensibles capables de se fondre sur des morphologies aussi diverses que variées, histoire de faire (enfin) rimer inclusion et durabilité.