Andrea Jaeger a connu une carrière précoce et fulgurante dans le tennis des années 80. À 15 ans, elle se hissait en quarts à Wimbledon et en demies à l’US Open. À 18 ans, elle avait deux finales de Grands Chelems à son compteur dans une époque où évoluaient Martina Navratilova, Chris Evert ou encore Billie Jean King. Jaeger atteint rapidement le 2e rang mondial, mais à 19 ans, elle décide de prendre sa retraite. À l’époque, elle évoquait une blessure à l’épaule et un burn-out. Sauf qu’en réalité, la situation était plus sombre encore.
Désormais âgée de 57 ans et sœur au sein de l’église anglicane, Jaeger révèle dans le quotidien The Independant avoir été harcelée sexuellement à de très nombreuses reprises. « J’ai eu au moins 30 incidents avec une employée de la WTA au tout début de ma carrière », explique-t-elle. « Elle avait un gros problème pour garder ses mains pour elle. Je me changeais dans des toilettes portables ou dans un box de salle de bain parce que je ne voulais pas faire face aux commentaires, à l’intérêt ou aux actions des gens. »
Évoluer sur le circuit professionnel, alors qu’elle n’était âgée que de 14 à 19 ans, était un véritable enfer pour Jaeger. « J’ai connu des situations où j’allais chercher ma raquette et où les cordes étaient coupées. Quand je suis allée mettre mes chaussures, quelqu’un avait laissé des lames de rasoir à l’intérieur », raconte-t-elle, évoquant aussi des commentaires « dégoûtants » d’autres joueuses sur son physique. Elle se souvient également d’une fête d’après tournoi où un membre de la WTA lui a fait bavoir de l’alcool à son insu alors qu’elle n’avait que 16 ans. Cette personne l’a ensuite ramené chez elle et tenté de l’embrasser.
Si elle est restée silencieuse à l’époque, c’est notamment en raison des menaces qu’elle a reçues après avoir osé se confier à une personne de la WTA. « Il fallait que cela cesse. Ils m’ont dit que si je disais encore un mot à ce sujet, ils feront en sorte que la bourse de ma sœur à Stanford soit retirée. Chaque fois que j’essayais de me défendre, on me menaçait de faire du mal à quelqu’un d’autre. »
Avec cette prise de parole, 40 ans après les faits, Jaeger espère pouvoir aider les adolescents confrontés à des situations similaires où les personnes censées les protéger n’ont pas rempli leur rôle.