L’Allemagne a accueilli depuis le début de l’année plus de réfugiés qu’au cours de l’année 2015, principalement des Ukrainiens. Les communes tirent la sonnette d’alarme, même si on est loin des scènes chaotiques observées en 2015-2016 lorsqu’un million de réfugiés sont arrivés de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.
Tamara est arrivée de Kiev au mois de mars. Elle fait partie de ce million de réfugiés ukrainiens que l’Allemagne a accueillis depuis l’invasion russe. En cette belle journée d’octobre, cette jeune spécialiste marketing s’est rendue au salon de l’emploi spécialement organisé à Berlin par la Chambre de commerce et d’industrie à destination des réfugiés. Tamara voudrait créer sa start-up.
Si son concept est encore secret, la jeune femme en est au tout début de son projet, et c’est directement au stand d’aide aux projets de start-up qu’elle s’est rendue sur le salon de l’emploi.
Ce forum est l’un des nombreux signes qui montrent que sept années plus tard, l’Allemagne est nettement mieux préparée à l’arrivée des réfugiés qu’en 2015-2016, comme l’explique Elanur, au stand du café-projet Goldnetz, qui aide les femmes ukrainiennes.
Ça marche beaucoup mieux, on est beaucoup mieux entraînés qu’en 2015. À l’époque, on était mal préparés à l’arrivée de ce très grand nombre de réfugiés. Les cours de langue, la participation à des cours d’intégration, le fait de bénéficier des prestations de l’Office pour l’emploi… Il fallait compter en moyenne trois mois avant que les gens puissent commencer à apprendre l’allemand ! Les réfugiés ukrainiens ont directement le droit de travailler, reçoivent tout de suite des cours de langue, ils ont tout de suite des titres de séjour… Pour l’instant, ça marche très bien.
« Il n’y avait pas de volonté politique »
Pour les Ukrainiens qui ont bénéficié rapidement du statut de protection temporaire de l’UE, tout va plus vite qu’avec les Syriens, les Irakiens ou les Afghans en 2015. Une situation frustrante pour Nora Bretzger, qui travaille depuis 2011 comme bénévole auprès des migrants.
Àvrai dire, on a beaucoup moins de travail avec les réfugiés ukrainiens qu’avec les autres, car on leur a accordé d’emblée tellement de droits. Quand quelqu’un arrive et a directement un titre de séjour, directement accès au marché du logement, directement accès au marché du travail, nous, les associations, nous n’avons pas autant besoin de nous battre. Ce qui est d’une certaine façon amer, car on voit que toutes les revendications que nous avions, en fait, c’est possible. C’est juste qu’il n’y avait pas de volonté politique.
Mais si la situation est pour l’instant moins chaotique qu’en 2015, tout pourrait rapidement se dégrader. Déjà, les municipalités s’inquiètent. Partout, les logements manquent pour les nouveaux arrivés, et de nouveau, des salles de sport sont transformées en foyer d’urgence.