Il s’agit d’une première sous la présidence de Joe Biden. Les douze membres du jury ont voté à l’unanimité en faveur de la peine capitale à l’encontre de Robert Bowers, selon ces médias.
Lors d’une première phase de ce procès exceptionnel, dans un contexte de poussée des actes antisémites aux États-Unis, ce routier blanc avait été reconnu mi-juin coupable d’avoir perpétré onze assassinats avec circonstances aggravantes le 27 octobre 2018 dans la synagogue Tree of Life de Pittsburgh, au nord-est des États-Unis.
Cette condamnation devrait être ensuite formellement prononcée par un juge fédéral. Cette peine pourrait toutefois ne pas être appliquée, car le ministère de la Justice a instauré un moratoire sur les exécutions fédérales.
La question de la peine de mort a été centrale dans cette affaire. Dès 2019, le procureur fédéral de Pittsburgh avait prévenu qu’il requerrait la peine de mort à l’encontre de l’auteur de la tuerie, citant son « absence de remords » et « sa haine et son mépris » pour les juifs.
Durant la phase d’instruction, des avocats de Robert Bowers avaient proposé en vain de plaider « coupable » en échange de la garantie que leur client ne serait pas condamné à mort. Le ministère de la Justice avait refusé.
Le 27 octobre 2018, Robert Bowers avait fait irruption dans la synagogue Tree of Life, armé de trois pistolets et d’un fusil d’assaut semi-automatique. Criant « tous les juifs doivent mourir », il avait ouvert le feu et tué onze personnes, dont une fidèle de 97 ans, en pleine cérémonie de shabbat dans un quartier juif historique de Pittsburgh, commettant l’attaque la plus sanglante contre cette communauté aux États-Unis.
Avant cela, il avait posté des messages racistes, antisémites et hostiles aux étrangers immigrés sur un réseau social d’extrême droite.
Procès qui a ravivé les débats sur la peine capitale
Le président d’alors, Donald Trump, avait réclamé la peine de mort, une demande suivie par le ministère de la Justice de l’époque et confirmée après le début du mandat du président démocrate Joe Biden le 20 janvier 2021.
Mais alors que le candidat Biden s’était engagé en 2020 à abolir la peine de mort à l’échelon national, ce procès a ravivé les débats autour de ce châtiment suprême encore pratiqué dans nombre d’États américains.
Durant les débats du procès, son avocate Judy Clarke avait d’entrée reconnu que son client était bien l’homme qui avait tiré sur des juifs. « Il ne sert à rien de chercher du sens à un acte insensé », avait-elle défendu, cherchant avant tout à sauver la vie de Bowers plutôt qu’à plaider son innocence.
Les organisations juives américaines ont, comme en juin, salué ce verdict. Ce dernier serait la preuve, selon l’American Jewish Committee (AJC), que « les États-Unis ne tolèrent ni haine ni violence contre les juifs et contre tout fidèle d’une autre religion ».
Poussée d’actes racistes et antisémites
Le procès Bowers s’est tenu dans un contexte de poussée d’actes racistes et antisémites aux États-Unis, à leur plus haut niveau depuis 30 ans, d’après des statistiques de la police fédérale, le FBI, citées en avril par le quotidien Washington Post.
D’après l’organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme Anti Defamation League, la première puissance mondiale avait connu en 2021 un nombre record de 2 717 actes antisémites (agressions, attaques verbales, dégradations matérielles…). Il s’agissait d’une augmentation de 34 % par rapport à 2020, l’année du Covid et des confinements.
Pour 2022, cette association a dénombré 3 697 actes antisémites (+36 % sur un an), du jamais-vu depuis 1979.
Les États-Unis comptent le plus grand nombre de personnes juives au monde, derrière Israël. Il y avait en 2020, selon l’institut Pew Research Center, quelque 5,8 millions d’adultes juifs aux États-Unis, qu’ils soient religieux ou pas, auxquels s’ajoutent 2,8 millions de personnes adultes qui revendiquent un parent juif.