L’arrivée du fils du président élu Donald Trump au Groenland en visite privée ce mardi 7 janvier relance la polémique suscitée par les propos de son père, qui doit être investi le 20 janvier, et qui a remis sur la table son idée d’un rattachement de cette ancienne colonie danoise aux États-Unis devenu territoire autonome du Danemark. L’industrie minière y est quasi inexistante, mais le potentiel géologique est immense et suscite de nombreuses convoitises, à commencer par celles des Américains, mais pas seulement.
Le rattachement du Groenland aux États-Unis bénéficierait à ses habitants, c’est comme cela que Donald Trump s’amuse à justifier son ambition d’acheter la plus grande île de la planète. Mais derrière ces visées expansionnistes, l’intérêt est évidemment aussi américain.
Il s’agit d’un intérêt sécuritaire, rappelle régulièrement le futur occupant de la Maison Blanche, mais également industriel : uranium, sable, pétrole, gaz, plomb, fer, zinc, nickel, or, diamant, métaux rares, l’ancienne colonie danoise est une promesse géologique qui fait briller les yeux de toutes les puissances mondiales. Les projets actuels sont portés essentiellement par des groupes australiens, canadiens, américains et britanniques.
L’Europe aussi s’intéresse au sous-sol du Groenland
On trouve peu d’investissements européens directs pour l’instant, mais ce n’est pas l’ambition qui manque : le Groenland, qui ne fait pas partie de l’Union européenne, mais y est lié via le statut de « Pays et territoire d’Outre-mer », abrite un tiers environ des 34 matières premières considérées comme importantes d’un point de vue stratégique par l’UE.
En 2023, un mémorandum d’entente a été signé sur les matières premières essentielles entre la Commission européenne et le gouvernement. Depuis, les missions européennes se sont succédé au Groenland.
Mais le chemin s’annonce long pour faire du pays un eldorado minier : l’industrie minière y est largement sous-développée, rappelle le Think Tank Europa. Chaque nouveau projet entraîne des coûts importants de démarrage en raison du manque d’infrastructures et doit composer avec des conditions météorologiques difficiles, plusieurs projets sont par exemple situés dans des fjords isolés accessibles seulement pendant les périodes de fonte des glaces, note le Think Tank Europa.
Investir sur du long terme
Un des autres défis, c’est la main d’œuvre : avec moins de 60 000 habitants, les compétences ne sont pas suffisantes, et l’arrivée de travailleurs étrangers pourrait vite devenir une source de tension. Dans le pays, les défenseurs de l’environnement ont aussi un poids que les miniers ne peuvent pas ignorer. Les habitants ont d’ailleurs choisi en 2021 de voter pour un gouvernement qui a interdit l’extraction d’uranium et qui a mis fin au projet Kvanefjeld qui avait provoqué la colère des populations. La même année, plus de 140 ONG ont signé une pétition pour un moratoire sur l’exploitation minière au Groenland.
Aujourd’hui, seules deux mines sont en activité sur ce territoire autonome depuis 1979. Les nouveaux projets approuvés concernent des gisements de titane, de terres rares, de zinc et de plomb.
À ce rythme, les ressources du Groenland ne pourront être, quels que soient les appétits des États, qu’une réponse, à long terme, aux questions d’approvisionnement.