Les ministres des Affaires étrangères de l’Otan sont réunis, ces jeudi 30 et vendredi 31 mai, à Prague, en Europe centrale. Au sommet des préoccupations : la situation militaire qui se dégrade en Ukraine, et les demandes pressantes d’armement formulées par Volodymyr Zelensky. La question centrale cette semaine : autoriser ou non Kiev à utiliser les armes qui lui sont fournies pour frapper le territoire russe. L’Allemagne y est défavorable, les États-Unis et l’Italie aussi, mais plusieurs poids lourds européens se sont exprimés cette semaine pour laisser à l’Ukraine cette liberté. MM. Macron et Borrell, par exemple.
Le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, les rejoint. Selon lui aussi, la guerre a changé de physionomie, les combats véritables ne sont plus seulement en Ukraine et les pays qui ont imposé des restrictions devraient maintenant les lever. « Au cours des dernières semaines et des derniers mois, la plupart des combats violents ont eu lieu le long de la frontière entre la Russie et l’Ukraine, dans la région de Kharkiv. Nous constatons que les Russes peuvent se trouver du côté russe de la frontière, ce qui constitue plus ou moins la ligne de front », a-t-il dit ce jeudi depuis la Tchéquie.
Ils peuvent s’y trouver avec leur artillerie, leurs lanceurs de missiles, leurs avions et leurs dépôts de munitions et de carburant, et être plus en sécurité qu’ils ne l’auraient été s’ils avaient été attaqués avec les armes les plus avancées que l’Ukraine a reçues. Je pense donc que le moment est venu de revoir certaines de ces restrictions pour permettre aux Ukrainiens de se défendre réellement. Le droit à l’autodéfense inclut également la possibilité de frapper des cibles militaires légitimes en dehors de l’Ukraine. Des cibles militaires, par exemple, à la frontière du territoire russe, qui lancent des attaques contre les forces ukrainiennes.
Toujours ce jeudi, Le chef de la diplomatie tchèque, Jan Lipavsky, a lui aussi déclaré que son pays, hôte de la réunion de l’organisation politico-militaire, n’avait « aucun problème avec l’Ukraine se défendant contre l’agresseur, y compris par des attaques qui nécessairement doivent se faire sur le sol russe ». Son homologue norvégien, Espen Barth Eide, s’y est dit également favorable. « Sinon, estime-t-il, nous imposons à l’Ukraine une limite qui rend la victoire plus difficile ». La France compte évoquer ce sujet lors de cette réunion, dans l’espoir de faire changer d’avis les pays les plus réticents.
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Alors que la Russie attaque l’Ukraine depuis des bases situées sur son sol, le débat sur l’utilisation ou non sur le territoire de la Fédération russe de certaines des armes fournies à Kiev par les Occidentaux, en l’occurrence des missiles à longue portée, agite les pays de l’Alliance.
Quant au Kremlin, il a accusé ce jeudi l’Otan de « provoquer » son voisin ukrainien pour prolonger ce qui constitue à ses yeux « une guerre insensée ». Mardi, Vladimir Poutine avait prévenu les pays concernés qu’il y aurait forcément de « graves conséquences » s’il leur venait à l’idée d’accorder à Kiev un tel feu vert.