Le gouvernement péruvien a étendu et prolongé dimanche l’état d’urgence face à la révolte contre la présidente Dina Boluarte, qui a fait au moins 48 morts en deux mois.
Sept régions du sud du Pérou (Madre de Dios, Cusco, Puno, Apurimac, Arequipa, Moquegua et Tacna) sont concernées par la mesure, qui s’appliquera pendant 60 jours, selon le journal officiel. Le 13 janvier, le gouvernement avait étendu de 30 jours l’état d’urgence à Lima, El Callao, Cusco et Puno.
Le prolongement ne concerne pas la capitale, Lima, ni El Callao, où se trouvent les principaux terminaux maritimes et le plus gros aéroport du pays et où l’état d’urgence doit prendre fin mi-février. Celui-ci permet à l’armée de venir en renfort de la police pour restaurer l’ordre public. Il suspend également des droits constitutionnels comme la liberté de mouvement et de réunion.
Le décret gouvernemental instaure un couvre-feu de 20h à 04h pour 10 jours dans le département de Puno, un épicentre des manifestations anti-gouvernementales, où 18 civils et un policier ont été tués dans des affrontements le 9 janvier.
Des manifestations quasi-quotidiennes
Le Pérou est secoué par une crise politique, avec des manifestations quasi quotidiennes, depuis le 7 décembre, lorsque le président de l’époque, Pedro Castillo, avait été arrêté après avoir tenté de dissoudre le Congrès et de gouverner par décret. Les barrages routiers dressés par les protestataires ont entraîné des pénuries de nourriture, de carburant et d’autres fournitures essentielles dans plusieurs régions.
Les manifestants demandent la dissolution du Congrès, une nouvelle Constitution et la démission de Dina Boluarte, qui en tant que vice-présidente a pris les rênes après l’arrestation de Pedro Castillo. Plusieurs tentatives de faire adopter une loi pour permettre la tenue d’élections anticipées ont échoué. La dernière a eu lieu vendredi, en vain, bloquant ainsi tout nouveau débat sur le sujet jusqu’en août. Samedi, de violentes manifestations de rue ont suivi dans le centre de Lima.
Le mouvement est mené par des Péruviens autochtones pauvres du Sud. Ils voient en Pedro Castillo, qui a également d’humbles origines et des racines indigènes, un allié dans leur combat contre la pauvreté, le racisme et les inégalités.