C’est un tournant d’importance dans le soutien occidental à Kiev et une décision qualifiée d’« historique » par le président Volodymyr Zelensky : Joe Biden est désormais prêt à autoriser d’autres pays à fournir à l’Ukraine les avions de combat qu’elle réclame ardemment.
Joe Biden, qui participe au sommet du G7 au Japon, a assuré ses interlocuteurs de son « soutien à une initiative commune visant à entraîner des pilotes ukrainiens sur des avions de combat de quatrième génération, y compris des F-16 », selon un haut responsable de la Maison Blanche.
L’annonce a été rapidement saluée par le Premier ministre britannique Rishi Sunak, ainsi que par le Premier ministre belge Alexander De Croo et la ministre de la Défense néerlandaise, Kajsa Ollongren. « Le Royaume-Uni travaillera avec les États-Unis, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark pour apporter à l’Ukraine la capacité aérienne de combat dont elle a besoin », a affirmé Rishi Sunak. Cela « va considérablement aider notre armée de l’air », s’est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Joe Biden, qui orchestre la réponse occidentale face à la Russie, fait face à une pression grandissante pour autoriser l’envoi des aéronefs américains de Lockheed Martin à l’Ukraine, non pas par l’entremise des États-Unis eux-mêmes, mais par d’autres pays qui en possèdent. La livraison de ces avions par des pays tiers est en effet soumise à l’approbation préalable de Washington, et plus précisément à une autorisation du département d’État, dans un souci de protection de la technologie militaire américaine.
Un tournant
« Pendant que l’entraînement se déroulera ces prochains mois, notre coalition de pays participant à cet effort décidera quand fournir des avions, combien, et qui les fournira », a poursuivi le président américain. Cette formulation – « quand » et non pas « si » – est, de la part des États-Unis, le signal le plus favorable à ce jour à la livraison de ces appareils réclamés par Kiev.
Volodymyr Zelensky demande depuis des mois à ses alliés occidentaux de lui fournir des avions qui permettraient à l’armée ukrainienne de frapper en profondeur les troupes russes, sans pour autant constituer une solution miracle dans le conflit.
Mardi, le Royaume-Uni avait plaidé pour une « coalition internationale » destinée à fournir ces avions de combat à l’armée ukrainienne, mais avait estimé ensuite, de concert avec l’Allemagne, qu’il revenait « à la Maison Blanche » de donner son feu vert final. La Pologne, qui possède des F-16, a déjà fait savoir qu’elle serait disposée à en fournir à l’Ukraine, tout comme les Pays-Bas qui, comme un certain nombre de pays de l’Otan, ont entrepris de remplacer leur flotte de F-16 par un avion plus récent, le F-35.
Le Danemark a annoncé contribuer à la formation de pilotes ukrainiens sur l’avion de combat de fabrication américaine F-16. Une annonce faite par le ministre par intérim Troels Lund Poulsen. « Le Danemark déploiera tous ses efforts pour en faire une contribution prioritaire », a-t-il déclaré. Il n’a toutefois pas précisé si le Danemark allait contribuer à la livraison de certains des appareils.
Pour l’instant, pas question pour les États-Unis de prendre eux-mêmes une telle décision, mais le simple fait d’autoriser d’autres pays à le faire serait un tournant majeur de la réponse occidentale à l’invasion par la Russie en février 2022. La Maison Blanche elle-même n’a eu de cesse d’adapter sa position depuis le début de la guerre. Elle a ainsi autorisé récemment l’envoi de chars américains à l’Ukraine, ce qui avait longtemps été un tabou à Washington.