« Nous, nous voulons freiner l’immigration, et il est important que les demandeurs d’asile ayant été déboutés retournent dans leur pays d’origine. Et c’est là que parfois, cela piétine », a déclaré Reinette Klever à la chaîne publique NOS. Un porte-parole ministériel a déclaré à l’AFP que la ministre du Commerce extérieur et de la Coopération au développement « avait brièvement discuté d’un certain nombre de possibilités d’accueil » dans la région, y compris en Ouganda.
Le ministre ougandais des Affaires étrangères, Jeje Odongo, s’est dit « ouvert à la discussion ». Son secrétaire d’État à la coopération internationale, Henri Oryem Okello, lui, a exprimé des doutes. « Je ne pense pas que l’Ouganda donnera son accord », a-t-il déclaré à l’agence Reuters, rappelant que Kampala accueille déjà plus d’un million et demi de réfugiés, pour la plupart venant du Soudan du Sud et de République démocratique du Congo.
C’est d’ailleurs cette politique d’ouverture qui a séduit les Pays-Bas. « Ils apprécient le fait que nous plaçons les réfugiés au cœur des communautés et non dans des camps », a confié à RFI Bagiire Vincent Waiswa, le secrétaire d’État permanent au ministère ougandais des Affaires étrangères. Si aucune demande officielle n’a encore été soumise aux autorités quant à la création d’un centre de retour, il se dit « prêt à encourager le Premier ministre à étudier la viabilité » de ce projet, au cas où une telle demande serait formulée.
« Alors que Londres vient de mettre un terme à son projet avec le Rwanda, on discute exactement de la même chose en Ouganda ! »
Mais au-delà de la faisabilité logistique, cette proposition fait débat. Des défenseurs des droits humains rappellent notamment que l’Ouganda est régulièrement critiqué pour son bilan en matière de droits de l’Homme et que le pays ne serait donc pas en mesure de garantir une protection suffisante aux personnes en danger. « Je suis sous le choc : alors que Londres vient de mettre un terme à son projet avec le Rwanda, on discute exactement de la même chose ici !, s’insurge par exemple Lewingstone Ssenwanyana, le directeur exécutif de la Fondation pour les droits de l’homme (FHRI), une organisation ougandaise de la société civile.Il n’est effectivement pas juste qu’un demandeur d’asile soit renvoyé dans un pays dont le bilan en matière de droits de l’Homme est très discutable. Par ailleurs, tout le monde connaît le principe du non-refoulement d’un individu, quel qu’il soit, vers un pays ou vers une région où celui-ci risque d’être maltraité. L’envoyer en Ouganda, c’est donc rendre très probable le risque qu’il soit persécuté, ce qui serait pour le moins malvenu. J’invite donc le gouvernement néerlandais à reconsidérer cette mesure ! », poursuit-il.
Alors que la polémique fait resurgir les tensions qui entourent la question de la gestion des réfugiés partout dans le monde, les discussions autour de ce projet sont loin d’être terminées.