L’épouse du député La France insoumise a raconté les « violences physiques et morales » qu’il lui aurait fait subir pendant des années. Ce récit, qui va à l’encontre de la défense de l’élu, qui complique encore plus son retour à l’Assemblée.
Ce n’était plus qu’une question de jours. Les cadres de La France insoumise avaient commencé à préparer les esprits : Adrien Quatennens allait revenir dans l’hémicycle. Rien n’empêchait le député de le faire après deux mois de mise au vert, son congé maladie avait pris fin. Mais les mots de Céline Quatennens viennent percuter la ligne de défense de son mari. Dans un communiqué, elle dénonce des colères, des crises et des violences physiques et morales de la part du député LFI depuis plusieurs années. « Ces dernières années, poursuit-elle, j’ai voulu le divorce à trois reprises, à chaque fois sous la pression, je suis revenue en arrière ».
Le député « dément catégoriquement » ces « accusations mensongères », a répondu son avocate Jade Dousselin. « Ces déclarations interviennent dans le cadre de négociations tendues à l’occasion de son divorce et de désaccords sur les modalités financières et la garde de leur enfant », a-t-elle ajouté.
Un témoignage pour rééquilibrer les choses
Dévoilée par le Canard enchaîné, qui avait fait état d’une main courante déposée par Céline Quatennens, cette affaire a provoqué mi-septembre un séisme à La France insoumise. Adrien Quatennens, un très proche de Jean-Luc Mélenchon et l’un des favoris à sa succession, s’est mis en retrait de sa fonction de coordinateur politique et n’a plus reparu à l’Assemblée depuis. Dans un long communiqué le 18 septembre, l’élu de 32 ans évoquait notamment « des disputes » depuis l’annonce par sa femme de sa volonté de divorcer, précisant par exemple lui avoir « saisi le poignet » au cours de l’une d’elles. Il admettait aussi lui avoir « donné une gifle », il y a « un an », « dans un contexte d’extrême tension et d’agressivité mutuelle ».
« Non, il ne s’agit pas d’une seule gifle, une seule fois, en plein divorce, comme l’a raconté Adrien Quatennens », rétorque aujourd’hui Céline Quatennens, réfutant tout contexte d’agressivité mutuelle. Elle assure prendre la parole contre son gré, mais pour rééquilibrer les choses. « Il m’est désagréable que mon mari minimise les faits publiquement en jetant le discrédit sur ma personne. »
Un retour à l’hémicycle inenvisageable
La ligne de défense d’Adrien Quatennens est la version pourtant reprise telle quelle par tout l’état-major LFI. Jean-Luc Mélenchon a carrément loué le « courage » et la « dignité » de son protégé. Il est même allé jusqu’à dénoncer un « lynchage » du député. Des propos encore plus choquants à la lecture de ce témoignage.
Le retour d’Adrien Quatennens à l’Assemblée créait déjà un malaise au sein du parti et même au sein des autres formations de la Nupes. Après les mots de Céline Quatennens, les partenaires de l’union de la gauche ne veulent plus voir le député à l’Assemblée. « Je pense qu’Adrien Quatennens ne peut pas revenir à l’Assemblée, estime ainsi l’écologiste Sandrine Rousseau au micro de BFMTV. On ne peut pas faire comme si ça n’existait pas. Céline Quatennens, en tant que femme, doit être entendue et respectée et la France insoumise doit écouter ses paroles. »
Un retour à l’Assemblée est « désormais impossible » juge de son côté le patron du PS Olivier Faure. Comme sa collègue et porte-parole, la députée Christine Pirès Beaune qui attend la décision de la justice : « En fonction de la décision qui sera prise, la question ensuite se posera à son groupe, la France insoumise. Comme Olivier Faure, je ne pense qu’il ne peut plus siéger auprès de la Nupes. »
Dans un communiqué, le groupe LFI a annoncé ce mercredi soir qu’Adrien Quatennens ne participera pas aux activités du groupe politique à l’Assemblée: « Nous souhaitons que la procédure judiciaire en cours se poursuive jusqu’à son terme. Une fois la décision de justice rendue, notre groupe décidera collectivement des suites à donner en son sein », explique le groupe parlementaire. « Jusque-là » le député du Nord « ne participera pas à l’activité de notre groupe parlementaire », poursuit-il dans un communiqué.
Adrien Quatennens doit être entendu à Lille le 13 décembre à huis clos par un procureur dans une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité, un plaider coupable. Il s’agit d’une procédure accélérée qui lui évite le tribunal correctionnel et une audience publique parce qu’il reconnaît les faits.