La populaire Première ministre sociale-démocrate finlandaise Sanna Marin tentera ce dimanche 2 avril d’arracher un deuxième mandat face à ses rivaux de droite et d’extrême droite dans des élections législatives qui s’annoncent très serrées.
Dans les sondages, les législatives de ce dimanche se jouent dans un mouchoir de poche. Selon la dernière enquête d’opinion publiée jeudi, la Coalition nationale (centre droit) arriverait en tête, à 19,8%, devant le parti des Finlandais – anti-immigration et eurosceptique – à 19,5%, puis le SDP de l’actuelle Première ministre Sanna Marin, à 18,7%. Des écarts infimes qui sont dans la marge d’erreur. Or, l’ordre d’arrivée est crucial, car le poste de Premier ministre en Finlande échoit traditionnellement au chef du parti arrivé en tête.
À 37 ans, la cheffe du gouvernement mène pour la première fois son camp à la bataille électorale. Inconnue, même d’une bonne partie des Finlandais, à son arrivée au pouvoir fin 2019, l’ex-ministre des Transports s’est bâti une notoriété mondiale, forte de son titre – perdu depuis – de plus jeune dirigeante dans le monde. Faisant les gros titres pour ses positions fermes contre la Russie, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des figures de proue de la jeune garde européenne. Au point que son nom circule pour des postes à Bruxelles en cas de défaite ce dimanche.
En Finlande, en revanche, elle clive. Certains apprécient la dirigeante déterminée qui a piloté son pays avec succès à travers la pandémie de Covid-19 et l’adhésion à l’Otan, et qui ne veut pas être réduite au statut de jeune femme. Pour d’autres, elle est « Sanna la fêtarde », dont l’attachement à garder une vie de jeune, entre soirées en boîte et fêtes à la résidence officielle, nuit à la fonction. Ses adversaires lui reprochent par ailleurs d’avoir dépensé sans compter et fait passer la dette publique de 63 à 74% en quatre ans. Son gouvernement prépare par ailleurs des mesures de soutien coûteuses pour venir en aide aux ménages confrontés à des factures d’énergie élevées.
Des négociations difficiles
« La Première ministre sortante ne se soucie pas de l’économie. Elle ne s’inquiète pas des dettes », juge ainsi le chef de file de la Coalition nationale, Petteri Orpo. Il entend ainsi « remettre en état » l’économie du pays. « Je veux stimuler la croissance économique, car seule la croissance économique nous permettra de prendre soin de nos services, des services publics et de la sécurité », fait-il valoir. Alors que les négociations pour former un gouvernement à l’issue de ces élections s’annoncent difficiles, le parti de la Coalition nationale pourrait faire alliance avec le SPD de Sana Marin ou signer un virage plus à droite en s’alliant avec le parti des Finlandais.
Si les trois principaux partis sont en mesure d’améliorer leur score de 2019, le parti des Finlandais est celui qui a enregistré la plus forte progression depuis l’été dernier, tirant profit du sentiment anti-immigration et des poussées inflationnistes. Pour sa tête de liste, Riikka Purra, cette immigration serait la cause de la délinquance juvénile et de la criminalité de rue, qu’elle considère comme étant les principaux problèmes auxquels est confronté le pays. « La plupart de ces gangs et de ces jeunes criminels dans les rues sont des migrants ou des personnes issues de l’immigration », affirme-t-elle ainsi.
Le parti des Finlandais voit une sortie de l’UE comme un objectif à long terme et veut repousser l’objectif de neutralité carbone du pays, actuellement fixé à 2035. Il a déjà été au gouvernement avant une scission en 2017 qui a vu s’imposer une ligne plus radicale. Mais s’il arrivait en tête ce dimanche, ce serait une première qui pourrait au passage le voir battre son record électoral (19,05% en 2011). Et une bourrasque de plus sur la scène politique européenne.
Autre parti à surveiller : le parti du Centre. Jadis poids lourd de la politique finlandaise, il est passé de première formation en 2015 à son plus bas historique, après avoir été depuis huit ans dans les exécutifs de droite puis de gauche. Même en cas – probable – de score piteux, son choix d’alliance s’annonce crucial, car sans lui, la droite et l’extrême droite ont peu de chances de bâtir une majorité.
L’élection précède de quelques jours une date qui sera historique pour la Finlande, avec une entrée dans l’Otan qui pourrait avoir lieu la semaine prochaine. Mais le résultat électoral ne risque pas de faire dérailler le processus, tous les grands partis étant désormais des avocats de l’entrée dans l’Alliance atlantique, une bascule provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine.