Législatives en Pologne: journée de vote pour un scrutin crucial à l’issue incertaine

Lors de ce scrutin, soit les électeurs polonais décideront d’offrir un troisième mandat consécutif au parti Droit et Justice (PiS), le parti populiste et nationaliste. Soit, ils se prononceront pour une alternance permettant le retour au pouvoir de l’opposition, emmenée par Donald Tusk. Pour le PiS, comme pour la coalition civique, tout dépendra du score de leurs possibles partenaires politiques, car une chose semble évidente, aucun des deux ne décrochera la majorité absolue.

Devant l’enjeu, la campagne électorale a été très polarisée. Le PiS de Jaroslaw Kaczynski concentre toutes ses critiques sur Donald Tusk, qui s’est retrouvé au cœur de la rhétorique du parti au pouvoir, explique notre envoyée spéciale à Varsovie, Sylvie Noël. Lors du dernier débat en début de semaine, le Premier ministre Mateusz Morawiecki n’a cessé de prononcer le nom de Donald Tusk. Il est accusé lorsqu’il était Premier ministre – entre 2007 et 2014 –  de la montée du chômage et de la baisse des salaires. Ce même Tusk, s’il revient au pouvoir, ouvrirait les frontières polonaises à une immigration massive en provenance du Proche-Orient. Un dirigeant qui serait, selon le PiS, à la botte de Bruxelles et de Berlin.

De son côté, l’ancien président du Conseil européen a accusé le chef du PiS, Jaroslav Kaczynski, de fuir ses responsabilités en n’assumant pas les fonctions de Premier ministre, poste occupé par Mateusz Morawiecki. Âgé de 74 ans, Jaroslav Kaczynski occupe le poste de Vice-Premier ministre mais il tire son véritable pouvoir de son titre de président du parti Droit et Justice (PiS), qui lui a permis depuis 2015 de lancer des réformes qui ont remodelé le visage de la Pologne. Kaczynski, le grand ami des chats, et Tusk, l’historien passionné de football, se vouent en fait une inimitié de longue date, ravivée pendant la campagne.

Une troisième option

Certains électeurs, comme Christophe, optent pour une autre solution : Trzecia Droga (Troisième Voie, en français), qui est le nom de cette coalition. Un pari risqué, mais qui pourrait s’avérer payant pour l’opposition.

« Il y a des Polonais qui ne voteront jamais pour le PiS. Mais la coalition civique ne les attire pas non plus, car cette formation ne s’est pas préoccupée de la cohésion sociale au début de la transformation du système. Ceux-là peuvent alors choisir Troisième Voie, constituée du parti paysan et des conservateurs modérés centristes. En tant que bloc, Trzecia Droga doit atteindre 8% pour entrer au Parlement. En votant pour Trzecia Droga, je veux pousser le PiS vers la sortie à cause du népotisme, de la corruption, de l’endettement du pays. C’est à cause de l’hypocrisie de ce pouvoir proche de l’Église qu’un fossé se creuse entre la société polonaise, notamment les jeunes et l’Église. En tant que catholique, ça me préoccupe, raconte Christophe contacté par notre envoyée spéciale à Varsovie, Agnieszka Kumor. Alors, j’ai opté pour Trzecia Droga et ma fille vote pour la gauche. »

Les enjeux de ces élections sont donc de tailles, notamment en ce qui concerne l’obtention de fameux fonds européens que Bruxelles refuse de verser à la Pologne, car l’actuel gouvernement ne respecte pas l’État de droit. Le résultat de Konfederacja, la formation d’extrême droite, sera également scruté de près, pointe notre envoyé spécial en Pologne, Romain Lemaresquier. Si ce parti devient la troisième force politique du pays, elle pourrait, en cas d’alliance, permettre au conservateur et eurosceptique de conserver le pouvoir. Un scrutin qui se déroule dans un pays très polarisé, très divisé sur de nombreux dossiers, notamment sur la question de l’immigration ou encore de l’agriculture.

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