L’embargo de l’UE sur le pétrole russe entre en vigueur ce lundi. Une sanction très attendue du côté de Kiev qui est censée permettre de tarir l’une des principales sources de revenus de Moscou. Cette décision actée en mai après de longues semaines de discussions ne concerne que le pétrole transporté par voie maritime. Des exemptions avaient en effet été trouvées, notamment pour la Hongrie.
Depuis le début du conflit en Ukraine en février dernier, la Russie a tiré 67 milliards d’euros de ses ventes de pétrole russe à l’Union européenne. Or, son budget militaire annuel s’élève à environ 60 milliards d’euros par an.
L’Europe a déjà adopté plusieurs trains de sanctions contre la Russie en raison de l’invasion de l’Ukraine. Mais pour arrêter de financer indirectement la guerre en Ukraine, elle a mis en place cet embargo sur le pétrole à partir de ce lundi. À une condition, toutefois, qu’il ne touche que le pétrole maritime.
Réorganisation de l’approvisionnement
Aujourd’hui, deux tiers du pétrole russe consommé en Europe arrivent par voie maritime. Le reste est acheminé par oléoduc et concerne pour la plupart des pays enclavés qui continueront à s’approvisionner ainsi.
Par exemple, la Hongrie, qui avait menacé de mettre son veto, pourra finalement continuer d’importer son pétrole via l’oléoduc Droujba. Même chose pour la Slovaquie et la République tchèque. Bruxelles leur laisse le temps de réorganiser leurs systèmes énergétiques.
Quant à l’Allemagne et la Pologne, les deux pays ont décidé d’eux-mêmes d’arrêter leurs livraisons via ce même oléoduc d’ici à la fin de l’année. Ainsi les importations russes seront touchées à plus de 90%, affirment les Européens.
Pour Moscou, il est toutefois plus facile de trouver d’autres acheteurs pour ses exportations par tanker que par oléoduc. Des États membres redoutent cependant que l’exemption de l’approvisionnement par oléoduc ne fausse les conditions de concurrence pour les achats de pétrole.
Vers une déstabilisation du marché mondial ?
Mais avec cette mesure de l’Union européenne, certains analystes craignent une déstabilisation du marché mondiale de pétrole. Un constat qui n’est pas partagé par Francis Perrin, spécialiste des hydrocarbures et chercheur associé au Policy Center for the New South à Rabat. Selon lui, « réorientation ne veut pas dire déstabilisation ».