Alors que des pays comme la Chine ou la Russie ont fait savoir leur désir d’expansion, afin que le bloc pèse davantage et puisse imposer ses envies de multilatéralisme, d’autres membres comme l’Inde ou encore le Brésil, et son président Lula, se montrent pour l’instant plus prudents : « Nous allons discuter de l’entrée de nouveaux pays, et je suis d’avis que tout le monde puisse entrer, à condition de respecter les règles que nous sommes en train d’établir : dans ce cas, nous accepterons leur candidature. »
Car ce sont justement ces critères d’entrée qui sont difficiles à établir entre les cinq pays. Un document a été préparé par les chefs diplomatiques, mais il faut désormais qu’il soit accepté par les cinq chefs d’État membres des Brics.
Selon l’Afrique du Sud, 23 pays ont formellement approché le bloc pour une possible candidature. Un intérêt dû aux changements géopolitiques, selon Priyal Singh, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS) : « Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, il y a de fortes tensions géopolitiques mondiales, et cela rend très anxieux les pays du Sud. Je pense que beaucoup de pays recherchent plus de prédictibilité, et ils ne peuvent la trouver qu’en mettant en commun leur poids et influence dans le monde. »
La liste publiée par Pretoria comprend plusieurs pays du continent, à savoir l’Algérie, l’Égypte, le Sénégal, le Nigeria, l’Éthiopie, et le Maroc dont des diplomates ont toutefois nié avoir fait une telle demande. Pour le continent, se rapprocher des Brics est aussi une façon de renforcer les relations avec la Chine, qui domine le groupe, selon Priyal Singh : « La Chine est le premier partenaire commercial pour de nombreux pays africains. Je pense que beaucoup d’entre eux ont leur regard tourné vers Pékin, d’autant plus que la Chine continue de croître, et ils souhaitent donc se rapprocher de son orbite politique et économique. »
La question de la dédollarisation
Un autre dossier pourrait aussi influencer le choix de nouveaux membres : la volonté d’accélérer la dédollarisation, alors que les Brics souhaitent réduire leur dépendance au billet vert. Daniel Bradlow, professeur à l’université de Pretoria : « Des pays des Brics utilisent déjà par exemple le yuan dans leurs échanges, et on peut donc les imaginer admettre d’autres puissances, et utiliser ces monnaies. D’un point de vue des échanges, il y a du potentiel à développer cela. »
D’autres nations, notamment du Golfe, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ou des pays sous sanctions comme l’Iran, cherchent aussi à pénétrer au sein de ce cercle informel des Brics.