Avec 95 réacteurs nucléaires répartis dans 65 centrales, les États-Unis sont le plus grand consommateur mondial d’uranium. Un combustible importé dans son immense majorité. Car si le pays, il y a encore une quarantaine d’années, exploitait 250 mines, aujourd’hui, la production nationale peine à s’élever au-dessus de zéro. Pour une raison essentielle : le coût. Importer coûte moins cher que de produire sur place. Mais c’est en train de changer. La mine d’Alta Mesa, au Texas, doit commencer à être exploitée à la fin de l’année 2024.
Même chose pour celle de Shootaring Canyon, dans l’Utah. L’entreprise qui la possède est en train d’évaluer ce qui est nécessaire pour doubler la production et la productivité par rapport à ce qu’elle était avant sa fermeture il y a plusieurs années. Derrière cette relance, il y a une volonté politique. Pour des raisons d’indépendance énergétique et des raisons stratégiques. Les importations actuelles viennent principalement du Kazakhstan, du Canada, mais aussi de Russie, pour pratiquement 15 % du total. C’est beaucoup pour un pays avec lequel les relations sont au plus bas depuis l’invasion de l’Ukraine. L’entreprise russe qui produit l’uranium, Rosatom, est soumise à des sanctions en raison de ses liens avec le secteur militaire russe.
La volonté de relancer une filière locale est inscrite noir sur blanc dans la loi de réduction de l’inflation. Puisque l’électricité nucléaire est décarbonée, 700 millions de dollars d’aides sont prévus à cet effet sur les 350 milliards en faveur du climat prévu par la loi. Mais toutes les questions environnementales ne sont pas réglées. L’extraction de l’uranium par le passé a laissé de mauvais souvenirs. Les Indiens Navajo sont notamment très réticents. Les mines sont souvent situées sur leur territoire. Ils ont eu à faire face à des problèmes de pollution et de cas de cancers anormalement élevés lorsque l’exploitation battait son plein.