«L’Europe n’est pas le Far West»: les eurodéputés inquiets après le discours d’investiture de Trump

Les députés européens à Strasbourg.
Les députés européens à Strasbourg. REUTERS/Vincent Kessler

Les premières annonces fracassantes de Donald Trump sont encore dans toutes les têtes au Parlement européen de Strasbourg. « Écoutons le discours du président Trump. Retrait des accords de Paris, retrait de l’OMS… Pas un mot sur l’Europe, pas un mot sur l’Otan, pas un mot sur l’Ukraine. Pour Trump, c’est le repli national : America First, pur et dur », a tancé Valérie Hayer, présidente du groupe centriste Renew Europe.

À part les élus d’extrême droite, dont plusieurs ont séché tout ou partie de la session plénière pour assister à la prestation de serment à Washington, cet « America First » inquiète. La première série de décrets signés par Donald Trump n’est pas de nature à rassurer l’eurodéputée écologiste Madjouline Sbaï : « Quand on attaque la justice, quand on attaque la presse, et quand on attaque la science, avec notamment le décret faisant sortir les États-Unis de l’accord de Paris (…), on est dans ce que Hannah Arendt décrivait : les origines du totalitarisme. »

Dans sa première déclaration après l’investiture, Ursula von der Leyen avait dit espérer une « collaboration étroite » avec Donald Trump sur les « défis mondiaux ». De quoi irriter le député belge Marc Botenga. « Nous allons acheter plus d’énergie et plus d’arme aux Américains. C’est quoi, ce complexe de Stockholm ? C’est une soumission incroyable », estime-t-il. De Davos, la présidente de la Commission a soutenu qu’elle se montrerait pragmatique vis-à-vis de la nouvelle administration américaine.

« L’Europe n’est pas le Far West »

Et l’entourage de Donald Trump n’est pas non plus rassurant, pour les eurodéputés. La présence d’Elon Musk et Mark Zuckerberg inquiète notamment. « L’Europe n’est pas le Far West », l’expression est revenue à plusieurs reprises dans la bouche d’élus de gauche ou du centre, inquiets des agissements des patrons des géants du numérique.

L’eurodéputé vert David Cormand, membre de la Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, estime qu’avec l’arrivée au pouvoir de Trump et son administration, « il y a un échelon de plus de franchi dans une attaque que je considère impérialiste de la part des intérêts américains contre l’Union européenne ».

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L’Union européenne s’est dotée d’une loi sur les services numériques, le DSA (Digital Services Act). Si une majorité d’élus appellent à son application plus ferme, l’extrême droite est sur une autre ligne. Pour Virginie Joron, du groupe des Patriotes pour l’Europe, « l’obsession de nombreux leaders en France et en Europe contre Musk et sa supposée emprise sur nos démocraties en dit long sur ce que nous sommes devenus ». Et d’ajouter : « Cette volonté de renforcer le DSA, ce n’est pas pour protéger les consommateurs européens, mais pour contrôler le bulletin de vote des électeurs. »

À l’inverse, la députée Renaissance Fabienne Keller estime qu’il faut agir rapidement : « La dérégulation laisse place aux discours de haine, aux contenus pédopornographiques, terroristes, misogynes et racistes. Ne nous trompons pas, Elon Musk et Mark Zuckerberg ne défendent pas la liberté expression. Ils veulent seulement véhiculer leur propre idéologie. » Le représentant de la Pologne, qui préside le Conseil de l’Union européenne, a reconnu que la loi sur les services numériques était aujourd’hui mise à l’épreuve.

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