Liban: les discussions sur l’arrêt des hostilités avancent «significativement»

Frappe israélienne au sud de Beyrouth, le 16 novembre 2024 (image d'illustration).
Frappe israélienne au sud de Beyrouth, le 16 novembre 2024 (image d’illustration). AP – Bilal Hussein

Pas d’annonce officielle et pas d’optimisme excessif au Liban, dit notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. C’est plutôt la prudence et la méfiance vis-à-vis de Benyamin Netanyahu qui sont de mise. Les deux négociateurs libanais, le Premier ministre, Nagib Mikati, et le président du Parlement, Nabih Berry, gardent le silence. Leurs proches, eux, commencent à parler.

Dans les cercles du chef du gouvernement on affirme que l’envoyé présidentiel américain Amos Hochstein, qui a négocié l’accord, a prévenu le Liban du feu vert israélien; Qassem Hachem, un député membre du bloc parlementaire de Nabih Berry assure que « Beyrouth a été officiellement informé que l’annonce d’un cessez-le-feu aura lieu dans les prochaines heures ». Une chaîne de télévision proche du chef du législatif indique que l’arrêt des hostilités sera annoncé « dans les prochaines 36 heures ».

Le Liban « reste prudent »

Le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, a déclaré à la chaîne panarabe al-Mayadeen, proche du Hezbollah, que le cessez-le-feu entrera en vigueur « dans les prochaines heures ou les prochains jours ». Ce parlementaire, qui connaît bien Amos Hochstein, a cependant affirmé que le Liban « reste prudent car les expériences passées avec Benyamin Netanyahu ne sont pas encourageantes ».

Sur le papier, raconte notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa, tout serait prêt pour conclure cet accord de cessez-le-feu. Il y a des signaux en ce sens. Des réservistes israéliens – tout juste remobilisés à la frontière nord – viennent d’être renvoyés chez eux. Il faudra a priori attendre quelques heures encore pour connaître la position officielle israélienne : pour ou contre un cessez-le-feu ? Benyamin Netanyahu réunit ses ministres cet après-midi pour décider de la suite.

Toutes les parties ont intérêt à stopper les hostilités

En tout cas, de part et d’autre de la frontière, Israéliens et Hezbollah ont intérêt à stopper les hostilités. La milice libanaise a essuyé des pertes significatives. Ses chefs ont été éliminés par Israël qui écrase l’ensemble du territoire libanais sous les bombes : il y a 1,5 million de déplacés et environ 3 800 morts.

L’État hébreu, lui aussi est en difficulté. Des guerres sur plusieurs fronts. Une armée de réservistes épuisés. Une défense anti-aérienne coûteuse et éprouvée par les milliers de roquettes tirées chaque mois contre son territoire. Au total, 60 000 civils israéliens frontaliers du Liban ont été déplacés depuis plus d’un an. et il y a environ 130 morts.

Si un cessez-le-feu est conclu : il commencera par une période de trêve : soixante jours. Israël doit se retirer du sud Liban. Et le Hezbollah se replier à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, côté libanais. C’est l’armée libanaise qui devra se déployer dans cette zone tampon.

L’ONU, un point de coordination idéal ?

L’ONU n’est absolument pas impliquée dans la négociation de cessez-le-feu au Liban, il s’agit clairement d’une initiative de Washington qui travaille en solo? dit notre correspondante à New York, Carrie Nooten, mais on peut lui prédire un rôle dans l’application de cet accord s’il était conclu. D’autant qu’hier justement, la force onusienne au Liban, la Finul, a exprimé sa « profonde inquiétude » à propos des attaques meurtrières d’Israël contre l’armée libanaise.

Pour que la Finul puisse surveiller que l’accord de cessez-le-feu soit bien appliqué, il faudrait que son mandat soit modifié en ce sens par le Conseil de sécurité. C’est ce qui s’est passé en 2008, alors que la résolution 1701 a fait se déployer les casques bleus aux côtés de l’armée libanaise dans le sud du pays. Si le nouveau mandat était plus agressif, et que la communauté internationale demande aux soldats de la Finul de désarmer d’autres groupes armés par exemple, il faudrait alors augmenter leurs ressources. Une autre solution pourrait être de créer une nouvelle entité, sous l’égide du Conseil de sécurité – comme ce qui a été fait en Haïti, avec la mission multinationale d’appui à la sécurité – ou par la Cédéao au Liberia. Une piste plus plausible, étant donné que Israël ne porte pas la Finul en haute estime.

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