La Bulgarie a progressé dans le classement Reporters sans frontières 2022. Elle est passée de la 112e place à la 91e. Les journalistes sont pourtant bien loin de crier victoire, car beaucoup de problèmes persistent pour nos confrères bulgares.
Ce n’est pas idéal, mais c’est un début. Le classement précédent, lorsque Sofia est passée à la 112e place, avait été très mal vécu. Un an plus tard, la Bulgarie n’est même plus le mauvais élève de l’Union européenne, cet « honneur » revient désormais à la Grèce. Mais de sérieux problèmes persistent.
La presse est muselée après le règne d’une décennie de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov, qui ne s’opposait pas à la concentration de médias entre les mains d’oligarques. Aujourd’hui, l’institution chargée du contrôle des médias demeure fortement politisée. Les nominations de ses membres font souvent scandale.
Pressions et menaces
Les menaces contre les journalistes d’investigation n’ont pas cessé, alors que les grandes entreprises n’hésitent pas à employer de nouvelles tactiques d’intimidation. Comme les SLAPP, ces procès destinés à intimider les journalistes sous la menace d’une bataille judiciaire très onéreuse.
Ainsi, le site Mediapool était presque poussé à la faillite pour ne pas avoir censuré le nom de Lev Ins, une compagnie d’assurance, dans un de ses articles. D’après un sondage de l’Association des journalistes européens, un journaliste bulgare sur deux subit des pressions, et un sur dix est menacé de procès.
La Grèce reste lanterne rouge de l’UE
Selon le classement 2023 de l’ONG RSF publié à moins de trois semaines des élections législatives, la Grèce occupe la 107e place sur 180, soit, pour la deuxième année consécutive, le plus mauvais classement d’un pays de l’Union européenne. « Les professionnels des médias continuent d’être menacés par les violences policières et les attaques de groupes extrémistes », souligne RSF dans son rapport.
Pour expliquer cet inquiétant recul de la liberté de la presse, l’ONG pointe du doigt la mise sur écoute de journalistes, un scandale qui a aussi touché des hommes politiques et ébranlé le gouvernement conservateur l’an dernier. Athènes a nié ces pratiques. « La surveillance des journalistes grecs par le logiciel espion Predator et par les services secrets a récemment constitué l’atteinte la plus grave à la liberté de la presse dans un État membre de l’UE », selon RSF.
En Europe, le cas grec suscite l’inquiétude. En mars, une délégation de la Commission des libertés civiles du Parlement européen (LIBE), en visite à Athènes, avait dénoncé les « très graves menaces sur l’État de droit et les droits fondamentaux » en Grèce. Mais balayant les critiques, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avait qualifié en novembre le classement annuel de RSF, qui fait office de référence dans le monde entier, de « merde » (« crap » en anglais).