Il a fallu dix heures aux cinquante secouristes de la sécurité civile française pour monter cet hôpital de campagne. Une partie a ouvert à midi, l’autre à 16h, raconte la colonel Isabelle Arnaud, médecin urgentiste. « Dès qu’on a ouvert, à midi, le premier patient se présentait à l’entrée des urgences. » L’hôpital possède deux structures. « Une partie concerne l’accueil et le tri des urgences. Ensuite, il y a le détachement d’appui chirurgical, qui comprend le bloc opératoire, la réanimation, la maternité, tout le plateau technique en fait », détaille la militaire.
Pour le moment, ce sont surtout des plaies légères qui sont traitées par les soignants sur place, pas de blessures en lien direct avec les inondations à Derna. Et il y a une explication. « On va voir quelle population il reste dans la ville après les événements. Parce que les personnes qui survivent souvent fuient la ville d’abord pour se rassurer, pour retrouver des familles qui vivent dans une autre région du pays. Donc on va voir comment ça se passe. » Selon cette médecin, c’est le bouche-à-oreilles et les réseaux sociaux qui pourrait créer un afflux de patients.
L’accès à de l’eau sûre, le premier chantier
La Libye compte toujours ses morts, mais difficile d’établir un bilan précis après les inondations de Derna. Les derniers bilans oscillent entre 3 000 et même 11 000 victimes. Les recherches se poursuivent, des milliers de personnes sont toujours portées disparues. Chaque jour, des corps sont retrouvés et enterrés.
Alors qu’un grand nombre de corps se trouve encore sous les décombres, quels risques la dégradation des corps posent-ils pour la santé et plus particulièrement pour l’accès à l’eau ? « Ces personnes ne sont pas mortes d’une maladie infectieuse, donc les corps eux-mêmes ne posent pas de risques, normalement. Bien sûr, s’ils sont en contact avec de l’eau, et que c’est une eau que les gens boivent, ça c’est un risque », répond Margaret Harris, porte-parole de l’OMS.
Donc, après toute catastrophe comme celle-ci, s’assurer que de l’eau potable est accessible le plus vite possible sera l’un des défis prioritaires, notamment en identifiant les sources d’eau non contaminées. Les produits pour désinfecter l’eau seront fondamentaux. « L’autre élément qui est crucial, poursuit l’experte, c’est d’informer les gens : leur expliquer ce qu’est de l’eau potable, où on la trouve, ce qui se passe, et comment ils peuvent se protéger. »