Les prix ont encore flambé en juin aux États-Unis, l’inflation atteignant 9,1% et grimpant au plus haut depuis novembre 1981, ce qui accentue la pression sur Joe Biden, sommé d’agir pour le pouvoir d’achat des ménages.
Cette forte hausse, qui menace la croissance dans la mesure où la consommation est le principal moteur de l’économie des États-Unis, plombe la popularité du président démocrate à quelques mois d’une échéance électorale importante avec le renouvellement d’une large partie des élus du Congrès.
L’indice des prix à la consommation (CPI), qui avait déjà grimpé de 8,6% en mai sur un an, a bondi en juin encore plus que prévu par les analystes.
Sur un mois, l’augmentation s’élève à 1,3% en juin, contre 1,0% en mai.
Des républicains n’ont pas manqué de réagir rapidement sur Twitter, le sénateur Marco Rubio accusant par exemple les démocrates de «ne pas se soucier des choses qui comptent pour l’Américain moyen».
«Ce niveau d’inflation est le résultat direct des dépenses des démocrates depuis qu’ils ont pris le pouvoir» à Washington, a attaqué son collègue John Thune.
Joe Biden a reconnu, dans un communiqué, que ces chiffres étaient «trop élevés» et rappelé que la lutte contre inflation était sa «priorité».
Mais, a-t-il aussitôt ajouté comme pour se dédouaner, ils sont «obsolètes», car les prix de l’essence ont reculé ces dernières semaines.
Le prix moyen du gallon (environ 3,8 litres) aux États-Unis est de fait redescendu à environ 4,73 dollars actuellement, après avoir grimpé pour la première fois en juin au-dessus du seuil symbolique de 5 dollars.
Cela «devrait apporter un peu de répit aux familles américaines», a avancé M. Biden.
Les consommateurs avaient accumulé d’importantes économies pendant la pandémie de Covid-19, grâce notamment à de substantielles aides de l’État et à des dépenses limitées par les mesures de confinement et les restrictions d’activité.
Mais la forte reprise de la demande l’an dernier, combinée aux problèmes sur les chaînes d’approvisionnement, ont nourri une inflation élevée, qui s’est aggravée avec la flambée des prix de l’énergie déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine fin février.
L’euro sous le dollar
La hausse des prix en juin a concerné tous les secteurs, précise le département du Travail dans un communiqué. Mais les plus gros contributeurs à cette hausse ont été le logement, l’essence et la nourriture, des dépenses au cœur de la vie quotidienne.
Les prix de l’énergie notamment ont augmenté de 41,6% sur un an, enregistrant leur plus forte hausse depuis avril 1980.
Quant aux prix alimentaires, ils ont connu leur plus forte progression depuis février 1981, augmentant de 10,4% sur un an.
En excluant les prix de l’alimentation et de l’énergie, plus volatils, l’inflation dite sous-jacente, s’est un peu accélérée sur un mois, à +0,7% contre +0,6% au cours des deux mois précédents.
Mais elle s’est assagie sur un an pour le troisième mois de suite, à +5,9%.
Parmi les rares biens ou services à avoir reculé figurent les locations de vacances et les billets d’avion.
Ce petit ralentissement et le léger repli des prix à la pompe ne devraient toutefois pas être suffisants pour inciter la banque centrale américaine (Fed) à assouplir sa politique actuelle.
La Fed a commencé en mars à augmenter les taux d’intérêt de manière agressive pour freiner la demande et calmer cette hausse des prix. Elle les a encore rehaussés de trois quarts de point de pourcentage en juin, sa plus forte augmentation depuis 1994.
Ces taux, qui donnent le ton pour les crédits accordés aux particuliers et entreprises, se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1,50 à 1,75%.
Pour Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics, l’inflation sous-jacente devrait continuer à reculer au cours des prochains mois, notamment en raison de moindres hausses de salaire, du repli des cours des matières premières et de la hausse du dollar, qui rend les importations moins chères pour les Américains.
Mais les derniers chiffres sur l’inflation »vont rendre la Fed très mal à l’aise», prédit-il.
La banque centrale devrait encore augmenter ses taux de trois quarts de point lors de ses deux prochaines réunions, en juillet et septembre, avance pour sa part Kathy Bostjancic, de Oxford Economics.
Cette porte ouverte vers une politique monétaire encore plus stricte aux États-Unis a fait plonger l’euro mercredi sous le seuil symbolique d’un dollar, qui n’avait plus été franchi depuis décembre 2002.