Madagascar: un an de prison avec sursis pour l’ex-première dame Voahangy Rajaonarimampianina

Le président malgache (2014-2018) Hery Rajaonarimampianina avec son épouse Voahangy, le 5 août 2014 à Washington.Le président malgache (2014-2018) Hery Rajaonarimampianina avec son épouse Voahangy, le 5 août 2014 à Washington. AP – Susan Walsh

Voahangy Rajaonarimampianina, l’épouse du précédent président malgache, a été condamnée mardi 14 février à un an de prison avec sursis, assorti d’une amende d’un million d’ariary. L’ancienne Première dame a été reconnue coupable de complicité de faux témoignage dans une affaire qui oppose le journaliste et ex-ministre de la Communication, Rolly Mercia, au très influent homme d’affaires Mamy Ravatomanga et au ministère public. Une condamnation qui suscite de part et d’autre étonnement et agacement.

D’après l’avocat de Rolly Mercia, principal accusé dans l’affaire, l’ex-première dame Voahangy Rajaonarimampianina n’aurait reçu sa citation à comparaître que la veille du procès, quand la procédure prévoit deux mois minimum. Résidant en France, celle-ci ne s’est donc pas présentée à l’audience et n’a pas été représentée par un avocat.

Pour le HVM, le parti politique créé par son époux Hery Rajaonarimampianina, fraîchement revenu au pays avec de probables ambitions électorales pour la présidentielle qui doit se tenir en novembre, cette affaire judiciaire s’apparente à une « répression politique ». Alain Rasambany, secrétaire général du parti, explique :

« Quand est-ce que le régime actuel cessera-t-il d’utiliser l’instance judiciaire pour se venger politiquement des gens qui n’ont pas la même opinion qu’eux ? Pourquoi la juridiction n’entre pas sur les dossiers en instance, comme les questions chaudes des dossiers de trafic d’or, sujet vraiment d’actualité au ministère des Mines ? Aucun dossier ou enquête n’a été ouvert par rapport à tous ces dossiers-là. Donc, on se pose toujours la question sur l’indépendance, l’autonomie de la justice et l’égalité de traitement. »

« L’objet de la plainte, la condamnation qui coïncide avec le retour du président en terre malgache, la ficelle est trop grosse ! » déplore Rivo Rakotovao, le coordonnateur national du HVM. « Rendez-vous compte : c’est un verdict où la personne intéressée n’avait même pas de dossier dans les mains », ajoute-t-il.

La tournure que prend cette affaire interpelle également la société civile, à l’instar de Faraniaina Ramarosaona, la coordinatrice des actions de lutte contre la corruption au mouvement Rohy :

« On ne l’a pas vue venir, cette condamnation. C’est assez grotesque comme stratagème de la part du pouvoir. Maintenant, nous ne pouvons pas oublier que madame Voahangy Rajaonarimampianina a trempé pendant le mandat de son mari dans certaines affaires sombres et affaires de corruption, aux côtés de Mbola Rajaonah (condamné à cinq ans de prison ferme l’an dernier pour détournement de deniers publics, NDLR). Son nom est apparu plusieurs fois. Mais elle n’a jamais fait l’objet de jugement. »

Jusqu’à présent, le couple Rajaonarimampianina se refuse à tout commentaire. C’est la première fois, par ailleurs, qu’une épouse ou ex-épouse d’un chef d’État malgache, depuis l’indépendance, écope d’une peine d’emprisonnement.

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