Mario Draghi, chef du gouvernement italien, propose sa démission au président, qui la refuse

Le président du conseil italien, Mario Draghi, a présenté sa démission, jeudi 14 juillet, soulignant dans un communiqué que les conditions n’étaient plus réunies pour l’exécution de ses fonctions après la décision du Mouvement 5 étoiles (M5S), membre de la coalition au pouvoir, de boycotter un vote de confiance sur un texte discuté au Sénat.

« La majorité d’unité nationale qui a soutenu ce gouvernement depuis sa création n’existe plus. Le pacte de confiance fondant l’action de ce gouvernement a disparu », a justifié M. Draghi.

Mais le président italien, Sergio Mattarella, a aussitôt refusé la démission du premier ministre. « Le président de la République a invité [M. Draghi] à se présenter au Parlement (…) afin qu’ait lieu une évaluation de la situation » politique, a annoncé la présidence de la République dans un communiqué.

 

Le chef de l’Etat s’est donc refusé à le laisser partir en plein été, au risque de faire entrer l’Italie dans une période d’instabilité. M. Mattarella est, en outre, de notoriété publique opposé à ce que les élections législatives, prévues en 2023, soient avancées à l’automne.

Enrico Letta, le chef du Parti démocrate, l’un des principaux membres de la coalition, s’est aussitôt réjoui sur Twitter, s’engageant à « travailler pour que le Parlement confirme sa confiance au gouvernement Draghi et que l’Italie sorte le plus rapidement possible de la chute en vrille dans laquelle elle est tombée ces dernières heures ».

Surmonter l’urgence pandémique et la crise économique

Mercredi soir, le président du M5S, Giuseppe Conte, avait annoncé que les sénateurs de son parti n’avaient pas participé au vote de confiance demandé par l’exécutif sur un décret-loi contenant des mesures d’environ 23 milliards d’euros pour aider les familles et les entreprises face à l’inflation. Ce décret-loi sur des aides en faveur du pouvoir d’achat contient également une mesure pour faciliter la construction d’un incinérateur d’ordures à Rome, à laquelle est opposé le M5S.

M. Draghi, qui s’est entretenu aussitôt après ce vote avec M. Mattarella, dont le rôle est crucial en cas de crise politique, disposait d’une majorité pour gouverner même sans le « 5 étoiles ». Mais l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) avait affirmé à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas de gouvernement sans eux.

 

Il était arrivé aux affaires au début de 2021 pour constituer une coalition d’« unité nationale » susceptible de surmonter l’urgence pandémique et la crise économique qui s’est ensuivie. Or, sans le soutien du M5S, il considère que son gouvernement devient « politique » et estime qu’il n’a pas été mandaté pour conduire un cabinet de cette nature.

« Depuis mon discours d’investiture au Parlement, j’ai toujours dit que ce gouvernement continuerait seulement s’il avait une perspective claire de réaliser le programme de gouvernement sur lequel les forces politiques avaient voté la confiance (…). Ces conditions n’existent plus aujourd’hui », a justifié M. Draghi, jeudi soir.L’incertitude régnant sur l’avenir du gouvernement Draghi n’a pas manqué de causer des turbulences sur les marchés : la Bourse de Milan a chuté de plus de 3 % jeudi et le coût de la dette de l’Italie est reparti à la hausse, signe de la nervosité ambiante.

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