Après le refus des Comores d’accueillir les expulsés de Mayotte, dès son lancement, les revers se multiplient pour l’opération Wuambushu. L’une des colonnes vertébrales de l’opération, la destruction de bidonville, a été stoppée nette par une décision de justice ordonnant la suspension des opérations dans le bidonville de Talus 2, à Majicavo.
Les familles de ce quartier composé de logement en tôles enchevêtrées les uns sur les autres avaient déjà préparé leurs bagages, elles ont été sauvées in extremis par le tribunal de Mamoudzou.
Un coup dur pour les autorités françaises qui promettaient lundi « une montée en puissance » de l’opération ces prochains jours. Mais le préfet ne compte pas en rester là. Il a fait appel de cette décision, rapporte notre envoyé spécial Romain Philips.
Au ministère de l’Intérieur, on concède qu’une « bataille juridique » est en cours et que « cela prendra plus de temps que prévu ». Au total, 5 autres quartiers sont visés par des arrêtés de démolition, mais aucun ne serait prêt à être mis en application dans l’immédiat.
Pendant ce temps donc, la police quadrille l’île et multiplie les contrôles sur les grands axes routiers. L’objectif est de « saturer le terrain », explique-t-on au ministère. Mardi, les gendarmes étaient notamment visible autour de Majicavo où des échauffourées avec des jeunes, cachés dans l’épaisse jungle qui entoure les bidonvilles, ont duré plusieurs heures.
Réactions politiques
Dans la sphère politique, la gauche condamne l’intervention voulue par Gérald Darmanin. Pour Thomas Portes, député LFI Nupes le ministre de l’Intérieur fait de la communication. « C’était une opération qui visiblement n’a pas été préparée et qui était une opération qui vise à communiquer. Et au final, on voit que ça ne marche pas et qu’il y a un cafouillage total. C’est une nouvelle opération ratée par Gérald Darmanin qui, en réalité, passe son temps à préparer des opérations pour communiquer et non pas pour qu’elles réussissent. »
Cette opération n’avait aucune chance d’aboutir, pense-t-on du côté du Parti socialiste. Olivier Nicolas, le secrétaire national aux Outre-Mer du parti, estime que Wuambushu « repose sur un raisonnement qui ne pouvait conduire qu’à l’échec. Penser qu’on va pouvoir faire ça uniquement sous un angle répressif et sans lien avec les Comores… On se fourvoie. »
Tout l’inverse à droite, on soutient cette opération d’expulsion coûte que coûte malgré les ratés. « Dans cette affaire, je pense que nous devons être du côté de l’État qui cherche à remettre de l’ordre, avance Othman Nasrou, vice-président LR de la région Ile-de-France. Et même s’il peut y avoir des ratés et même si tout n’a pas été parfaitement bien ficelé, je crois qu’il faut qu’on distingue l’essentiel de l’accessoire. »
Gérald Darmanin joue gros. Et même si les débuts ne se passent pas comme prévu, il assure que rien n’empêchera l’opération d’aller à son terme