Mayotte: un mois après le cyclone Chido, les entreprises attendent encore l’aide de l’État

Le Premier ministre français François Bayrou (au centre) lors de sa visite à Mayotte après le passage du cyclone Chido, le 30 décembre 2024. Il visite une usine de désalinisation de l'eau à Pamandzi.
Le Premier ministre français François Bayrou (au centre) lors de sa visite à Mayotte après le passage du cyclone Chido, le 30 décembre 2024. Il visite une usine de désalinisation de l’eau à Pamandzi. AFP – JULIEN DE ROSA

Mardi 14 janvier, un mois après que le cyclone Chido a dévasté Mayotte, les entreprises locales n’ont pas encore perçu les aides promises par le gouvernement aux lendemains de la catastrophe. « C’est décourageant », soupire Carla Baltus, présidente du Medef à Mayotte et patronne d’une entreprise de transport. « Tant qu’on ne perçoit pas les fonds sur les comptes en banque, cela veut dire que nous ne sommes ni aidés ni soutenus », estime-t-elle. Or, « pour l’instant, nous n’avons pas vu le projet de décret » qui permettrait aux petites et moyennes entreprises (PME) « de toucher au moins le fond de solidarité », pointe-t-elle au téléphone depuis l’archipel.

Certaines entreprises ont bien touché des avances de la part de leurs assureurs, ajoute la cheffe d’entreprise, mais beaucoup n’étaient pas bien couvertes, et certaines n’étaient pas assurées du tout, en particulier les plus petites. Quelques jours après le passage du cyclone, la Caisse centrale de réassurance, un organisme public, a estimé entre 650 et 800 millions d’euros les dégâts du passage du Chido pour les biens assurés. Bien que très partiel et provisoire, il s’agit du seul bilan économique chiffré disponible à ce jour.

Quelles-sont les aides promises par l’État ?

Le gouvernement a promis des aides financières d’urgence pour les travailleurs indépendants, ainsi qu’un fonds de solidarité pour les PME, à hauteur de 20% du chiffre d’affaires et dans la limite de 20 000 euros par entreprise. Le paiement des cotisations sociales sur les salaires doit être suspendu jusqu’au 31 mars 2025. L’exécutif a aussi promis de faciliter les procédures de recours au chômage partiel pour les entreprises locales. Enfin, une loi d’urgence est en cours d’examen au Parlement, afin de faciliter la reconstruction de l’île.

Le texte prévoit aussi d’étendre les aides destinées aux agriculteurs et pêcheurs. Il pourrait être adopté début février et fait l’objet d’un soutien transversal des différents partis politiques, qui ont toutefois présenté de nombreux amendements pour modifier le projet. Pour sa part, le patronat mahorais déplore une loi « sans budget » selon Carla Baltus, insatisfaisante en l’état.

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Que demandent les entreprises locales ?

Le Medef – qui représente plutôt les grandes entreprises – et la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) demandent une exemption de cotisations sociales plutôt qu’une simple suspension. Carla Baltus, du Medef, appelle aussi à une hausse du montant du plafond du fonds de solidarité. Enfin, Bourahima Ali Ousseni, de la CPME Mayotte, souhaite la mise en place sur l’ensemble de l’archipel une « zone franche globale, qui inclue une exonération des charges sociales et fiscales durant cinq ans », pour les entreprises déjà installées dans le département avant le passage de Chido.

Une revendication portée depuis de nombreuses années par le patronat mahorais et reprise par le Premier ministre François Bayrou, avec l’ambition de limiter la place de l’économie souterraine. La mesure sera présentée au parlement avant la fin du mois de mars, a-t-il promis. Pour l’instant, Mayotte est une zone franche d’activité : depuis 2019, certaines entreprises – à l’exclusion des commerces, de l’immobilier ou encore des banques – peuvent bénéficier de réductions de taxes à hauteur de 50 à 80% maximum. Une zone franche globale permettrait à toutes les sociétés de Mayotte de bénéficier de ces réductions de taxe, un dispositif dont l’efficacité est contestée.

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