Mayotte: une opération d’expulsion malgré l’accord de 2019 entre Paris et Moroni sur les migrants

Depuis l’annonce de cette campagne de destruction des lieux occupés à Mayotte par des migrants jugés illégaux et leur expulsion vers le voisin comorien, les deux pays se rejettent mutuellement la responsabilité de la situation alarmante à Mayotte. Pourtant, un accord-cadre sur le sujet a été signé en 2019 entre les gouvernements français et comorien.

Dès les premières pages, l’accord-cadre de 2019 affiche ses objectifs : « lutter contre les trafiquants » de migrants et « contrôler les mouvements de population non maîtrisés entre les îles ». Le texte annonce un partenariat renouvelé, avec une enveloppée de 150 millions d’euros pour des projets de développement sur l’archipel, il engage clairement les deux parties à lutter contre les départs illégaux vers Mayotte et assurer la circulation des personnes entre les îles dans « une gestion concertée et sécurisée ». Les Comores s’engagent à empêcher les départs irréguliers des bateaux kwassa vers Mayotte pendant que la France accompagne l’archipel dans sa prise en charge des personnes expulsées.

RFI n’a pas pu joindre les autorités françaises, mais de hauts dignitaires du gouvernement et de l’État comorien estiment avoir rempli leur part du contrat. En 2022 par exemple, la France a renvoyé plus de 25 000 migrants sur l’archipel avec la bienveillance de Moroni, preuve des bons rapports entre les deux pays. Mais depuis l’opération Wuambushu, les autorités comoriennes se présentent comme des victimes collatérales de la politique intérieure française.

En clair, le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin mène sa politique en solo, et le gouvernement français laisse faire. Avec l’élection présidentielle de 2024, le président Assoumani ne veut pas s’attirer les foudres de sa population en accueillant massivement des délinquants et des criminels, décrits comme tels par le ministre Darmanin.

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